Un premier groupe était conduit par Roger Dugua, président des Amis de Rochebonne, pour la découverte de la vieille ville du Cheylard. S'il ne reste rien du château, à l'exception de deux tours et une demeure bourgeoise construite en 1780 par le marquis du Bourg de Bozas, en revanche, les ruelles conservent un caractère très ancien avec plusieurs portes cloutées ou de belles façades.
Dans la vieille ville du Cheylard |
Façade du premier hôtel de ville |
Si la façade de l'Hôtel de Ville est récente, elle a le privilège d'offrir aux visiteurs les armoiries des Bayle de la Motte qui furent barons de Brion. Cette pierre blasonnée provient du château de la Motte (Accons) et a été léguée à la commune à la fin de la Première Guerre mondiale par Joseph Saléon-Terras, maire et conseiller général du Cheylard. Notre guide nous conduit ensuite à la Basse Ville, devant l'actuel presbytère qui fut le château de Largier et sur lequel se greffait l'une des trois portes de la ville. Ensuite, nous remarquons particulièrement la belle façade du premier hôtel de ville du Cheylard dont les fenêtres à meneaux proviendraient de l'ancien château démoli en 1628. Ce grand bâtiment a été acheté par le curé Eschavel qui le transforma en hôpital rural en 1867. Depuis 1984, il abrite 22 logements. On remarque également des numéros (de 1 à 300) peints à l'occasion de l'hébergement forcé des troupes autrichiennes après Waterloo. Les Cheylarois n'ont pas vu d'un bon œil l'arrivée de l'occupant et plusieurs soldats ont été victimes de leur comportement.
Coup d'œil au pied des murailles de l'ancien château construit au xive siècle, vue sur le Portalon du Moyen Âge qui conduisait au
château, ou encore l'emplacement de la Pompe Vieille qui
fut accusée à la fin du XIXe siècle d'une épidémie de
typhoïde ; une tourelle fortifiée qui appartenait au
connétable, la place des tanneurs en souvenir des
tanneries qui occupèrent une grande place jusqu'en 1993.
Ici on tannait le serpent mais aussi les crocodiles venus
d'Afrique. Les Peausseries Massu-Héritier avaient une
grande renommée.
Le Cheylard avait la
particularité d'avoir deux
seigneuries : la baronnie de
Brion et la seigneurie de la
Chèze où se trouvait le
chef-lieu spirituel Aric dont
l'église fut démolie en
1801. La paroisse d'Aric a été rattachée au Cheylard
où a été érigée une
chapelle en 1420, devenue
collégiale en 1486. Pendant
les guerres de Religion, le
Cheylard comptait douze
chanoines. En 1635, saint
Régis y donna une mission
pendant huit mois. Notre
guide nous a montré la maison où il logeait
alternativement avec le château de la Motte à Accons.
La baronnie de Brion, baronnie de tour qui avait droit de
siéger aux États du Vivarais, est passée en 1582 dans la
famille de Lévis de Ventadour. Le château fut pris par les
huguenots en 1628 et rasé la même année. En 1645, les
seigneurs de la Motte étaient barons du Cheylard. Leur
petit-fils Charles-Alphonse de Sassenage a vendu la
seigneurie en 1724 au marquis de Vogüé qui a transféré le
tour à Aubenas en 1725 avant de vendre Le Cheylard au
marquis du Bourg de Bozas.
Le château de la Chèze avant... |
...et après restauration |
Pendant ce temps le second groupe s'acheminait vers le
plateau d'Aric et spécialement au château de la Chèze
détruit par les Allemands en juillet 1944, mais dont la
reconstruction a été entreprise en 1990 par l'Association
pour la Sauvegarde du Patrimoine Boutiérois. Le château
en ruines avait été acquis par la commune pour en faire
une maison de retraite. Le parc a abrité le camping
municipal tandis que la maison de retraite n'a jamais vu le
jour. Malgré quelques travaux en 1975 et 1986, ces
derniers ont d'ailleurs bénéficié de l'aide de la Sauvegarde,
aucun projet ambitieux n'était à l'ordre du jour. En 1990,
trois jeunes du pays ont créé une association et avec l'aide
de la commune, chaque été, un
chantier de jeunes s'installait au
château pour élaguer les arbres, évacuer les gravats. Dans le même
temps, dans les années 1990 et
2000, l'association, présidée par
Jérôme Legros, menait à bien de
gros travaux de restauration,
soutenus à chaque fois par la
Société de Sauvegarde, soit sur
ses fonds propres, soit grâce à
l'aide du Conseil général. Il a fallu
beaucoup d'énergie pour venir à
bout de cette restauration. Notre
guide Francis Giraud, trésorier de
l'association a fait découvrir
l'ampleur de ces travaux à tous les niveaux. Aujourd'hui le
château est entièrement sauvé. Des hourds ont été ajoutés
à l'une des tours reconstruites. Le domaine de la Chèze
avec un parc agréablement ombragé accueille tout au long
de l'année de nombreux visiteurs.
La seigneurie de la Chèze a une origine très ancienne, sans
doute maison forte agrandie au fil des ans et dotée de
quatre tours d'angle et d'un chemin de ronde. Les
meneaux de certaines fenêtres sont du xvie siècle. Les
premiers seigneurs connus, les Tournon de La Chèze,
remonteraient à Hugues de Tournon qui vivait au début du
xiie siècle. Les premiers actes authentiques ne datent
cependant que du début du XIVe siècle. François de
Tournon en était seigneur en 1394. Cette famille a
contracté alliance au XIVe siècle avec les seigneurs de
Borée-Contagnet et ratifié en 1317 toutes les donations
faites par ses prédécesseurs à la chartreuse de Bonnefoy.
En 1328, hommage rendu au comte de Valentinois et
renouvelé en 1332 puis en 1350.
Cheminée à l'étage |
La seigneurie de la Chèze passa ensuite aux Lévis qui
vendirent la Chèze à un seigneur auvergnat, Henri de
Tersac ; ce dernier loua le château à Noë Sautel, chef
protestant qui s'empressa de faire des fortifications. Henri
de Tersac institua héritière sa nièce Delphine, marquise de
Colombine qui revendit la Chèze le 18 octobre 1638 à
Pierre Sellier, seigneur de Buriane, gentilhomme
protestant qui, pour s'être rapproché du parti royal, avait
vu son château de Buriane ruiné par ses corelégionnaires.
Il mourut fin 1643 laissant la seigneurie à sa fille Jeanne épouse de Claude de Portalès, président de la Cour des
Aides à Montpellier. Par
succession la Chèze fut la
propriété de la famille La Forêt-
Divonne qui vendit le domaine en 1862 à M. Théophile Sauzet,
maire du Cheylard. Sans
descendance directe, celui-ci
légua la Chèze à son neveu
Marc Sauzet, député de
l'Ardèche décédé en 1912. Sa
sœur, épouse d'Antoine
Mimerel, avocat à la cour de
cassation à Paris, hérita à son
tour. Le château était la
propriété de la famille Mimerel
lors de la Bataille du Cheylard.
Après la guerre, la famille Mimerel a fait démonter la porte
d'entrée surmontée du blason, le tout ayant été réemployé
dans leur villa sur la Côte d'Azur.
En 1990, quand la restauration commença, le château était
une ruine dangereuse dont deux tours s'étaient écroulées.
La Chèze est aujourd'hui propriété de la commune du
Cheylard qui en a confié la gestion à l'Association de
Sauvegarde du Patrimoine boutiérois.
Roger Dugua