Suivant notre guide, nous découvrons, au gré des rues et
des bâtiments anciens subsistants, la bourgade dont le nom « Vans » viendrait
d’un terme celtique signifiant « versant ». La première
mention de l’église Saint-Pierre-aux-liens et de son bourg
apparaît en 1208 (bulle du pape Innocent III).
Depuis le xive siècle et jusqu’au xviiie inclus,
le bourg était ceinturé par le barri ; ce mot désignait
le « mur de ville » haut de quelques mètres et large
de soixante à quatre-vingts centimètres et aussi le fossé ou
le ruisseau qui, à certains endroits, longeait le bas des maisons. Il
comportait quatorze tours et quatre portes ; une cinquième, très étroite,
fut percée au xviiie siècle. Le mur de ville disparut
avec l’arrivée de Bonaparte en 1799, n’ayant plus d’utilité ;
il n’en subsiste que quelques vestiges.
Les Vans a toujours appartenu à divers coseigneurs dont,
en 1478 les Rochebaron, en 1643 les de La Fare, en 1672 du Roure et de La Garde-Chambonas
et en 1762 le duc d’Uzès.
L'Oye |
La visite commence extra-muros, par « les Chauchières », quartier à proximité des cours d’eau, qui était un site idéal pour le travail des peaux et la confection des outres qui servaient au transport du vin, dans un sens, et des céréales au retour, car Les Vans constituaient, au Moyen Âge, un véritable carrefour routier. Une dérivation de la « Grande Fontaine », l’écluse ou « Resclauze », résurgence venant de Naves, alimentait les moulins à grains et à huile. Le lavoir couvert qu’on y trouve aujourd’hui date de 1844. Tous les cours d’eau ont été recouverts dans la première moitié du xixe siècle. De nouvelles tranches de travaux furent réalisées à partir de 1953, puis de 2000.
Un plan montre le bourg, au xvie siècle, entouré du mur d’enceinte et divisé en trois grands quartiers. Nous franchisons donc la « porte de l’Oye » à cette époque seule porte accessible aux chariots, pour pénétrer dans le premier de ces grands quartiers :
Le retable du maître-autel |
Il se situe autour de l’église Saint-Pierre et de ses cimetières. Aux chanoines de Saint-Ruf, fondateurs d’une première église romane, succèdent les moines de Saint-Gilles au xiiie siècle ; en 1563 les Protestants s’y établissent, puis entre 1658 et 1681 retour des Catholiques et construction à partir de 1664 d’une nouvelle église sur les plans de l’architecte Brun, sous l’égide de Claude de Roure, abbé de Malons.
Cet édifice d’aspect sévère a remplacé l’antique église romane, en partie détruite après 1564 lorsque la communauté des Vans passa à la Réforme. Son édification fut réalisée aux frais de la communauté, Claude de Roure se réservant celle du chœur qu’il dota d’un magnifique retable occupant toute sa largeur et s’élevant très haut vers la voûte. Conçu dans un style baroque, il offre, taillés dans le chêne et le noyer, une profusion d’éléments ornementaux : colonnes corinthiennes, panneaux sculptés, frises, balustrades, moulures, statues, chapiteaux, angelots, dont la richesse forme un contraste saisissant avec l’austérité de la nef. Encadrant un grand tableau central, une Crucifixion de Proud’hon, deux grandes statues de saint Pierre et de saint Paul en constituent les deux pièces maîtresses avec les deux panneaux illustrant la Pêche miraculeuse et la Vision de Damas.
Les stalles |
Quel fut l’auteur de ce remarquable monument ?
Après l’avoir attribué à divers artistes,
on considère aujourd’hui qu’il faille retenir le nom
de Jean Enghelbert, maître-sculpteur en la ville d’Anvers qui
résida six ans aux Vans, s’y maria et revint y mourir après
avoir travaillé à Sorgues et à l’église
Saint-Pierre en Avignon.
La période révolutionnaire faillit être
fatale au retable, l’église, désaffectée, ayant été transformée
en atelier pour la fabrication du salpêtre. Après le Concordat,
le curé Tourvieilhe entreprend la restauration de l’ensemble et
complète l’ornementation de l’église en y installant
des stalles récupérées à l’abbaye des Chambons.
En 1964, à la suite des démarches entreprises
par M. Bourbon, alors président de la Sauvegarde, l’administration
des monuments historiques décida la restauration complète de l’ensemble.
Un autre petit retable se voit dans la chapelle latérale
de droite, avec des colonnes torses et une ornementation comparable à celle
du retable du chœur.
L’église est inscrite à l’inventaire
supplémentaire des monuments historiques ; les deux retables, les stalles et un tableau
(xviie s.) représentant l’Adoration
des bergers sont classés au titre d’objets d’art.
Empruntant la rue de la Grande Fontaine, nous entrons dans le second quartier :
Le lavoir |
Hors d’atteinte des inondations, elle conserve encore les casernes où logeaient les garnisons avant la Révolution. Le point culminant est la « Tour carrée », à proximité de l’hôtel de ville construit par Louis Enghelbert, petit-fils du sculpteur, et acheté par la commune en 1777. Par la Portette (passage très étroit) nous débouchons sur la rue de la Haute Fontinelle qui nous conduit au troisième quartier, celui de :
où commerçants et artisans s’affairaient et où un ruisseau, servant d’égout, coulait au milieu de la large rue du marché. Au milieu de cette rue l’hôtel de Justice édifié en 1413 et démoli au début du xixe siècle tenait lieu de prison. Nous longeons des maisons remarquables : dont celle de J. Moutet, maire de 1790 à 1815 (peintures sur la façade et escalier à vis) ; « l’hôtel du lion d’or » du xviie ; « l’hôtel du Luxembourg », une auberge du xve. Sur la place de la Grave, datant du xviiie siècle, s’élève un symbole du patrimoine scientifique : la statue de Louis-Léopold Ollier, illustre père de la chirurgie ostéo-articulaire.
D'après les comptes rendus des visites de la Sauvegarde des 13 octobre 2007 (J. Fournet-Fayard), 11 octobre 1986 et 26 octobre 1974, ainsi que l'article "Les quartiers vanséens" de J. Schnetzler (La Viste - Voir et connaître le Pays des Vans, N° 8 et 9, décembre 2000 et juin 2001.)