Une centaine de personnes se retrouvent sur la place
de la mairie de Saint-Vincent-de-Barrès, où nous sommes
reçus par MM. Legrand et Sabatier, membres de l’association « Barrès
Loisir Animation Culture » et par M. Perrin, maire de la commune.
Le groupe se rassemble ensuite dans la salle communale pour une présentation
de l’histoire de Saint-Vincent-de-Barrès, dont l’essentiel
est résumé ici.
Le chevalier « Stéphane » aurait construit un fort au Barry, en face de Saint-Vincent, vers 925. D'après la charta vetus, l’évêché de Viviers créa, avant le xe siècle, une fondation sur le territoire d’une villa gallo-romaine, la villa Artenica. Ensuite, en 1020, l’évêque de Viviers échangea avec les bénédictins de Cluny l’église de Saint-Vincent contre celle de Meysse. Les moines bénédictins y sont restés presque jusqu’à la Révolution.
Le donjon |
En 1095, Genton de Barrès
participe à la première
croisade. Un différend entre le comte de Valentinois et l’évêque
de Viviers à propos de la suzeraineté sur le Barrès
se règle en 1213 au bénéfice de l’évêque.
Le fort du Barry, vendu au comte de Valentinois en 1256, est saisi
par ordre du roi en 1390, puis restitué en 1392.
Le Barrès, comme le Valentinois, est rattaché au duché de
Savoie de 1424 à 1446, puis fait définitivement partie du domaine
royal en 1467. Saint-Vincent sera pris par les huguenots en 1574, mais restera à l’écart
des grands troubles liés aux guerres de Religion ; il en sera de
même au moment de la Révolution. Le rempart a été partiellement
démoli entre 1830 et 1905.
Les municipalités successives, ainsi que les propriétaires
privés, ont fait un gros effort de restauration de tout le bâti
ancien : remparts, tours, église, ruelles et maisons anciennes. Une
signalisation a été mise en place pour la visite, le commentaire
qui suit s’en inspirera largement.
Une partie du groupe assiste ensuite à la projection d’un documentaire sur les fêtes médiévales. Ces fêtes ont lieu tous les quatre ans, avec une grande manifestation en costumes d’époque. Les dernières ont eu lieu en septembre 2006 (spectacle « le Moyen Âge en jeu », jeux de société, jeux d’adresse, etc.)
Les autres participants suivent, soit M. Sabatier, soit son épouse,
pour une visite du vieux village.
Bâti sur un promontoire rocheux dominant la plaine et la route actuelle
de Privas au Teil par Meysse, vis-à-vis du plateau du Coiron, c’est
un bel exemple de village fortifié, en partie conservé et restauré,
avec six tours le long du rempart, et quatre autres (dont la tour de la prison)
défendant le château. Le donjon date de la fin du xie siècle,
les parties annexes du château ont été rajoutées au
xiie et au xiiie siècle ; au-dessus de la porte
de la mairie, dans les bâtiments restaurés du château, on
remarque le blason de la famille Chambaud de La Tourrette.
La porte des notables |
Une échoppe médiévale |
Nous descendons vers la porte des notables, entrée principale de l’enceinte fortifiée, autrefois fermée par deux grandes barres en bois bloquées sur des butées. Elle était précédée d’un long passage couvert en chicane et surveillée par une meurtrière. L’église actuelle date de 1687 ; elle a remplacé celle du xie siècle abandonnée pendant les guerres de Religion.
Derrière l’église, la vue depuis le rempart s’étend jusqu’au Coiron et à la montagne d’Andance ; c’est l’occasion pour nos guides de retracer l’histoire de ce paysage volcanique où le basalte, après avoir rempli les vallées il y a 6 millions d’années, s’est retrouvé former les hauteurs par suite de l’érosion des terrains sédimentaires environnants. Sur la « montagne d’Andance » est exploité un gisement de diatomite, roche composée de silice presque pure, formée à partir d’organismes fossiles, les diatomées.
Nous parcourons ensuite la longue ruelle courbe qui s’étire sur le côté est du village ; on peut y voir entre autres des maisons anciennes très étroites et une échoppe médiévale dont la porte centrale, au milieu de l’arc voûté, est fermée par un volet de bois, dépliable vers l’extérieur et sur lequel le marchand exposait ses articles, ensuite « triés sur le volet ».
Au terme de cette visite, nous pouvons remercier nos hôtes pour la qualité de leur accueil et pour tout le travail réalisé dans la réhabilitation de leur patrimoine bâti.
L’étape suivante nous mène au-dessus de Privas, au bout de la route très raide qui conduit à Chabanet au restaurant « la Bergerie ». M. Caddet, maire de Berzème et M. de Pampelonne se joignent à nous pour ce repas chaleureux. C’est ensuite la petite route rejoignant celle du col de Benas, autrefois lieu de passage entre le nord et le sud du Vivarais, contrôlé par le château de Cheylus, puis nous traversons le Coiron, pays d’élevage, marqué par des prairies à l’herbe abondante et où les arbres sont rares, climat oblige... Parfois, les éoliennes les remplacent.
Bernard de Brion
(Visite de la Sauvegarde mai 2007)