L’église Saint-Grégoire de Prunet, romane à
l’origine, a achevé au xixe siècle ses mues
successives, passant d’une nef unique à une triple
nef, avec une sacristie en saillie.
Au xxe siècle, les travaux d’entretien et de rénovation
deviennent indispensables. En 1948-1949, la coiffe de
lauze posée à même la voûte des nefs est remplacée par
des tuiles plates mécaniques sur poutres et chevrons.
Vers 1960, la sacristie est démolie, puis les murs
intérieurs dépouillés de leurs enduits. L’inscription de
l’église en 1965 à l’inventaire supplémentaire des
Monuments Historiques rend possible l’ouverture d’un
chantier important en 1977 qui s’étalera jusqu’en 1984 :
- sablage des pierres, rejointoiement partiel ;
- remplacement des tuiles plates par des tuiles canal qui
désormais enveloppent toute l’église en incorporant
l’abside.
La commune de Prunet,
dont la population
dépasse alors juste la
centaine, fait, une
première fois, appel à la Société de Sauvegarde qui alloue 22 215 francs.
Les travaux vont
reprendre vers 1990 :
- achèvement du
rejointoiement, reprise
des huisseries, pose d’un
pavement, installation
d’un nouveau mobilier…
Mais la toiture qui
voulait mieux s’accorder
avec les lignes romanes
manifeste vite ses
défaillances et impose donc de nombreux
raccommodages. Les infiltrations régulières auréolent la
voûte et disjoignent même des pierres. La décision
municipale, insufflée par le maire, est prise, en 2008, de
rénover totalement la toiture en gratifiant l’église d’une
couverture de lauzes. Les travaux débutent en 2012.
Entre temps, bien sûr, une collecte d’aides financières
avait été effectuée et avait permis de rassembler, en sus
du montant d’une souscription, les subventions du Pays
de l’Ardèche méridionale, de la Direction Régionale des
Affaires Culturelles, du Conseil Général, de la paroisse
Saint-Joseph au Pays de Ligne, du ministère de
l’Intérieur, de la Sauvegarde de l’Art Français, du
Patrimoine Rhônalpin, de la Fondation du Crédit
Agricole. La Société de Sauvegarde sollicitée, avait
souhaité apporter son soutien à ce projet risqué et
concrétiser sa participation en remettant 3 000 euros.
Dans une église mise à l’abri, il est possible désormais
d’envisager des restaurations intérieures : la réfection
du pan de mur dévasté par l’eau pluviale, la
réhabilitation du confessionnal très détérioré,
l’harmonisation des placards muraux.
Les deux statues, Vierge à l'Enfant et saint Grégoire, restaurées avec l'aide de la Sauvegarde |
Et un autre projet un peu insensé est envisagé :
réintégrer dans l’église un Christ, classé, qui a migré au
dôme Saint-Benoît d’Aubenas en 1969 pour figurer dans
une exposition estivale d’art sacré, puis y rester. Le
Christ a pu reprendre sa place, mais en délogeant une
statue de la Vierge à l’Enfant choisie pour combler le
vide. Celle-ci est inscrite, mais, atteinte en profondeur
par des insectes xylophages, elle est confiée par le
Conservateur des antiquités et objets d’art de l’Ardèche
au restaurateur chargé d’installer le Christ. Mais qui
prend en charge dossier et frais à venir ? La mairie a
refusé d’intervenir à l’intérieur de
l’église et la
paroisse, qui a
honoré les
dernières
dépenses
engagées, ne veut
plus contribuer à
d’autres
paiements. C’est le
curé qui prend les
choses en mains,
ne désirant pas
que la statue
demeure comme
celle du Christ
hors de l’église
pendant 45 ans. Il
se porte garant du projet, en y adjoignant d’ailleurs
l’installation de la statue inscrite de saint Grégoire, la
mise en clarté d’un mobilier trop funèbre et divers
travaux de menuiserie. Il peut compter sur la
participation de la DRAC concernée par les objets
inscrits, sur une souscription confiée à la Fondation du
Patrimoine, mais parmi les trois services et associations
interpellés, seule la Société de Sauvegarde a su
répondre favorablement. Elle a offert 2 000 euros,
toujours sur ses fonds propres, au terme de la
réalisation du programme envisagé.
Le village de Prunet ne peut que lui exprimer son
merci.
Père Bernard Nougier