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ROCHER DE BRION
(29 mars 2007)

Ce site médiéval situé sur la commune de Jaunac est encore peu connu. Il constituera une découverte pour beaucoup de nos adhérents. Nous sommes là au pied d’un petit piton volcanique qui domine à 918 mètres le confluent de l’Eyrieux et de la Dorne. Vers le sud, on peut apercevoir le Mézenc et le Gerbier, en contrebas la ville du Cheylard et la vallée de la Dorne. M. Boulon, maire de Jaunac, nous présente ce site à travers trois thèmes qui ont fait l’objet d’études approfondies.

Le rocher de Brion

Le sommet du rocher de Brion, sur lequel était situé le château, vu du côté du village (sud-est.)

Archéologie et histoire

Le début de Brion, c’est l’an 1000 ; c’est la puissante famille des Chapteuil du Velay, qui était propriétaire dans le haut de l’Eyrieux, qui a construit le premier château et le premier village de Brion. Le sommet du piton abritait le château avec un donjon qui ressemblait à celui de Rochebonne. On voit encore quelques bases de murs et le carré du donjon. Au pied du château, toute la partie sud était occupée par le village. Un rempart en prismes de basalte assemblés à sec entourait l’ensemble du site.

L’apogée se situe au XIIIe siècle, le bourg castral abritait alors des artisans, des commerçants, des agriculteurs, avec la vie sociale complète d’un bourg au pied de sa seigneurie. Le château du Cheylard existait, mais était plus modeste que celui de Brion. Brion constituait une paroisse, il y avait une église et un cimetière. Le village n’était pas coupé du monde, Brion regardait Rochebonne et Rochebonne regardait Brion.

L’histoire s’est inversée très vite puisque au XIVe siècle et au milieu du XVe, avec les grandes crises européennes, les épidémies et la dépopulation, les sites écartés ont été progressivement abandonnés pour des emplacements plus favorables dans les vallées.

Rocher de Brion : Vestiges du rempart

Vestiges du rempart, contre lequel s'appuyait une maison

Le Cheylard a pris son essor et a supplanté Brion, la paroisse de Brion a disparu et a été partagée entre Accons et la nouvelle paroisse de Jaunac (Saint-Pierre la Pize) Le village s’est vidé mais il est resté des éleveurs. Quelques maisons sont encore signalées sur le cadastre napoléonien de 1830-34. Plus tard, le souvenir du site a subsisté dans les mémoires à travers des légendes comme la découverte de pièces romaines ou de souterrains ! Pourtant, il n’y a aucune trace antérieure à l’an mil.

Les restes du village sont assez bien conservés, car il était bâti sur un terrain relativement plat, ce qui l’a protégé de l’érosion, fréquente sur les sites de pente.

M. Boulon nous fait remarquer qu’il faut plus d’argent pour aménager une palissade de sécurité autour du chantier que pour gérer trois semaines d’intendance d’étudiants en archéologie, d’où un certain découragement bien compréhensible. Les fondations du rempart ont été retrouvées, des murs en partie remontés et consolidés, de façon trop voyante au goût de certains, mais le ciment trop clair se patinera avec le temps. Les résultats de ces fouilles ont fait l’objet de publications universitaires, en particulier par Franck Bréchon et Pierre-Yves Laffont. Le Parc naturel régional vient de publier une étude sur le sujet dans sa collection « Horizon Patrimoines » (cf bibliographie).

Géologie

Rocher de Brion : prismes de basalte groupés en colonne

Prismes de basalte groupés en colonne

Le rocher de Brion est un dyke basaltique, c’est-à-dire le remplissage par du basalte d’une fracture (à la différence d’un neck qui est la cheminée volcanique elle-même). Nous avons pu admirer les magnifiques prismes de basalte groupés en gerbes et en colonnades (les « orgues » basaltiques), soit en place, soit sous forme d’éboulis spectaculaires. Il y a en effet des talus d’éboulis liés à l’action du gel au cours des glaciations de la fin du Tertiaire et du Quaternaire. La végétation a reconquis ces talus à la faveur des réchauffements climatiques ultérieurs.

Botanique

De nombreuses plantes sont ici liées à l’activité humaine, soit aux ruines et à l’habitat, soit aux activités d’élevage (vesces) et à la présence de matière organique (cornouiller), soit à la vie sociale et artisanale (viorne lantane, des restes d’ormes.)

Pour terminer son exposé, M. Boulon, responsable de la culture à la communauté de communes du pays du Cheylard, nous parle de son action d’aménageur du site : conventions avec les propriétaires privés, débroussaillage puis fauchage deux fois par an, mise en place d’une signalétique. L’entretien de ce lieu de patrimoine est une donnée importante que doit assumer la Communauté de communes.

M. Boulon, maire de Jaunac, présente le site de Brion.

M. Boulon, maire de Jaunac, présente le site de Brion.

Son projet est aussi de travailler sur l’oppidum de La Fare situé sur la commune de Saint-Andéol-de-Fourchades .

Notre groupe a pu visiter en détail les différentes parties du site avant de se séparer, trop rapidement, car l’orage est arrivé et avec lui les rafales de vent et de pluie. M. Boulon a quand même le temps de distribuer aux plus courageux une documentation disponible à l’Office du tourisme du Cheylard et de nous indiquer quelques ouvrages de référence.

À Jaunac, on peut voir aussi, ce que certains ont fait une fois l’orage passé, des maisons anciennes, dont la fromagerie de Monsieur Boulon, et l’église perchée au-dessus du village.

Bernard de Brion

Bibliographie

- Laffont Pierre-Yves, Atlas des châteaux du Vivarais (xe-xiiie siècles).DARA, Lyon, Association lyonnaise pour la promotion de l'archéologie en Rhône-Alpes, 2004.

- Bréchon F., Defive E., Giroux C., Laffont P.-Y., "Le rocher de Brion : géologie, botanique et histoire d'un suc des Hautes Boutières", Cahiers du Mézenc, n° 12, année 2000.

- Laffont Pierre-Yves (en collaboration avec Frank Bréchon, Emmanuelle Defive, Christian Giroux). Le rocher de Brion-Histoire et archéologie d'un château et d'un habitat médiéval oubliés, Montpezat-sous-Bauzon, Parc naturel régional des Monts d'Ardèche, 2007.