Sur la commune de Genestelle, vers 650 mètres d'altitude, le château se situe dans un très beau site, qui est d'ailleurs protégé, sur la pente du volcan de Craux. Il se dresse au milieu de vastes prairies entourées d'une superbe châtaigneraie. Le château lui-même est classé.
Le château de Craux dans son environnement de prairies |
Il est fait mention de Craux dès le xive siècle ; cette noble demeure, modifiée et agrandie au cours des siècles, sera constamment occupée jusque dans les années 1940 et ce, seulement par deux familles : les Ucel jusqu'au xviiie siècle, les Sauzet de Fabrias ensuite.
Craux a été bâti par les Ucel
qui, en 1166, cédèrent à l'évêque de Viviers
leurs droits sur les mines de Largentière et possédaient à cette
date les châteaux d'Ucel, de Rochecolombe et Saint-Laurent-sous-Coiron.
Vers 1400, la châtelaine de Craux est Louise Flandin, de la famille
des cardinaux Pierre et Jean Flandin ; elle est l'épouse de noble
Hugues d'Ucel et la grande bienfaitrice de N.-D. de Genestelle qu'elle restaure
vers 1422.
En 1421, la légende -mais est-ce vraiment une légende ?-
veut que le dauphin, futur Charles VII, se soit arrêté à Craux,
alors que, banni par son père, il se rendait du Puy à Grenoble.
En 1432, Tersolet d'Ucel, seigneur de Craux est coseigneur d'Antraigues.
En 1515, un d'Ucel de Craux meurt à 18 ans au siège de Pavie. En
1601, on trouve à Craux René d'Ucel, futur époux de Marie
de Vogüé.
Au xviiie siècle, Craux passera
aux Sauzet de Fabrias. Après le décès de la dernière
occupante en 1946, le château, laissé à l'abandon, se
dégradera très rapidement sous les effets conjugués
des éléments et... des vandales.
Ce n'est qu'au début des années 1980 que l'on
commence à s'intéresser au château, avec d'abord son classement
comme monument historique en 1981. Sous l'impulsion de Me Jean-Paul
Ribeyre, maire de Vals-les-Bains et vice-président de la Société de
Sauvegarde, l'association des Amis de Craux est créée. Celle-ci
signe avec les héritiers de la dernière occupante un bail emphythéotique
de 33 ans. Différentes manifestations artistiques et culturelles furent
organisées au château, mais surtout des travaux furent entrepris
pour sauver cette vaste demeure. Déjà en 1985, les deux tours de
façade étaient consolidées et désormais sauvées.
Le château vu du sud-est |
La façade nord qui bordait la cour d'honneur |
Enfin, en 1994, c'est la commune de Genestelle qui acquiert le château
et ses 42 hectares de terres. Depuis 2002, un chantier d'insertion a entrepris
d'importants travaux visant à consolider le gros œuvre, à remettre
en état la charpente et à couvrir le bâtiment par un toit
provisoire en acier. Les tours ont reçu une nouvelle toiture et les
travaux se poursuivent actuellement.
La commune, propriétaire du château et du domaine (11 hectares de châtaigniers, une trentaine d'hectares de prairies et de landes), a souhaité le faire revivre par l'installation d'une activité agricole. C'est ainsi que depuis 2012 un couple de jeunes agriculteurs s'est installé dans une partie des dépendances du château réaménagées à cet effet et a créé essentiellement un élevage de chèvres, mais pratique également du maraîchage, entretient la châtaigneraie et l'ensemble du domaine. Le tout accompagné d'une boutique paysanne.
C'est un grand bâtiment formant un
quadrilatère d'une quarantaine de mètres de côté,
flanqué de trois tours rondes inégales ; la plus grosse, au sud-ouest,
est décorée de deux corniches.
Les dépendances, très importantes, s'allongent
vers le nord sur une centaine de mètres. Elles comportent deux cours carrées
séparées par des bâtiments. La cour d'honneur s'ouvre à l'ouest
par un beau porche ; elle donne accès au château par une porte
percée dans son mur nord. Malheureusement, les constructions qui faisaient
face à l'entrée ne sont plus que ruine. En revanche, son côté nord,
faisant face au château, est fermé par un important bâtiment
rectangulaire, qui est encore flanqué au nord-ouest d'une belle échauguette
bien restaurée. Au rez-de-chaussée, une grande salle voûtée,
que l'on pense avoir été une bergerie, fut utilisée pour
des concerts dans les années 1980.
La deuxième cour avait conservé, malgré les atteintes
du temps, la belle façade bordant son côté est. Le bâtiment
correspondant a fait l'objet de travaux de restauration et a en particulier été couvert.
On accède à cette cour par une belle entrée ouverte dans
le mur qui la ferme au nord. À gauche de cette entrée, une petite
construction avec une cheminée aurait-elle abrité un four à pain ?
Le porche d'entrée dans la cour d'honneur. |
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À droite, on voit la longue enfilade de constructions qui, du côté ouest, s'allonge sur une centaine de mètres. Après la tour sud-ouest du château, on distingue le porche d'entrée de la cour d'honneur, puis le grand bâtiment, flanqué d'une échauguette, qui ferme cette cour au nord et enfin le mur occidental de la deuxième cour. |
Le porche d'entrée dans la cour des communs |
La cour des communs |
L'ensemble du château et des dépendances vu de l'ouest. |
Une échauguette |
En 2005, la tour sud-ouest n'avait pas encore sa nouvelle toiture |
Sur la pente, au-dessous de l'ensemble du château et de ses dépendances,
des restes de terrasses entourées d'un muret laissent penser à l'existence
d'un ancien jardin accessible par un belle entrée. À droite, à demi-enterré,
un bassin couvert d'une voûte en berceau confirmerait peut-être
cette existence.