Sur la commune de Saint-Clair, à 4 kilomètres d'Annonay, le château de Gourdan tel que nous le connaissons aujourd'hui, a été construit pour l'essentiel au xviiie siècle par le comte Pierre de Vogüé en remplacement d'un vieux manoir dont subsiste encore une aile.
Du milieu du xive siècle à l'année 1610, Gourdan appartint à la famille du Peloux. Cette famille considérable dans la région d'Annonay, y eût un rôle très important, en particulier pendant les guerres de Religion avec Nicolas du Peloux, gouverneur du marquisat d'Annonay. Nicolas du Peloux, marié successivement à Anne d'Ure, Françoise d'Yserand et Catherine du Puy, eut de sa seconde femme une fille, Marguerite, qui hérita de Gourdan. En 1605, le domaine passa dans la famille de Vogüé par le mariage de Marguerite avec Louis de Vogüé, fils cadet de Guillaume, seigneur de Rochecolombe et de Larnas. Les Vogüé conservèrent Gourdan jusqu'en 1869, date à laquelle il fut vendu. C'est en 1751 que Pierre, arrière petit-fils de Marguerite du Peloux et Louis de Vogüé, commença d'importants travaux qui conduisirent au remplacement du manoir d'origine par le château actuel. Ils furent terminés par son neveu Félix de Vogüé vers 1780. Le domaine passa ensuite, à son décès en 1784, à son propre neveu Eugène de Vogüé, né en 1777, qui devint au xixe siècle, président du Conseil général et membre de la Chambre des Pairs en 1828.
Pendant la Révolution, le château put être préservé grâce aux interventions de la veuve de Félix de Vogüé et de la mère d'Eugène de Vogüé.
Le petit-fils d'Eugène de Vogüé, Eugène-Melchior de Vogüé, romancier, membre de l'Académie française et député de l'Ardèche, vendit le château de Gourdan en 1869 à des industriels parmi les plus importants de la région d'Annonay.
Très grand ensemble, le château de Gourdan comporte un bâtiment principal formé de deux ailes à angle droit et de vastes dépendances, dont une magnifique orangerie.
La plus importante des deux ailes du bâtiment principal, édifiée au xviiie siècle, est une construction de style classique à deux niveaux sur rez-de-chaussée, dont la hauteur des étages va en décroissant, ceci en vue d'assurer une meilleure harmonie à la façade. La partie centrale, en légère avancée, large de trois fenêtres, est couronnée d'un fronton triangulaire.
L'autre aile, qui conserve une tour ronde à son extrémité, date probablement du xvie siècle et serait un reste de l'ancien manoir ; elle comprend une petite chapelle, un pressoir, un tinal et un grand chais où le vin du domaine était élaboré et conservé, ceci jusqu'en 1977.
L'orangerie (Cliché François Bassaget) |
Devant le château s'étend un superbe parterre à la française, avec ses broderies de buis, ses rosiers et ses caisses à orangers. La terrasse artificielle sur laquelle a été créé ce jardin est construite au-dessus d'un lavoir et de grands réservoirs qui servaient à alimenter en eau les jardins. Le problème de l'eau, compliqué à cette époque, avait ainsi été résolu par la construction de ces réservoirs recueillant l'eau de sources situées dans la colline au-dessus du château ainsi que l'eau des toitures en cas de pluie.
Construite en 1832, l'orangerie est remarquable par sa taille (45 m x 8 m, soit 360 m²) et la qualité de son architecture. Elle permettait de stocker en hiver la centaine de caisses d'orangers et de camélias qui ornaient le parterre à la belle saison.
Derrière le château, la cour d'honneur d'allure plus sévère, est entourée de vastes dépendances (anciennes écuries, remises...) et enfin, plus au nord, on trouve encore une aile, probablement construite au xixe siècle, avec une tour, qui devait servir d'observatoire comme dans beaucoup de belles maisons annonéennes, et comportait une serre chaude.
Ces bâtiments dominent le Petit Parc qui, avant la tempête de 1999, comprenait des cèdres majestueux et le Grand Parc d'une trentaine d'hectares entouré de murs, où est aménagé maintenant un golf de 18 trous. Mais ce dernier ne fait plus partie du domaine du château depuis 1985.
Indiquons pour terminer que les façades et toitures du château et de la tour nord, l'orangerie, le parterre sud et les jardins sont inscrits à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques depuis 1967.