Le 5 juin 2019, salle Louis Pize, le maire, Charles
Fouvet, sa femme et des membres du conseil
municipal de Saint-André-en-Vivarais ont accueilli
avec café et croissants une trentaine de personnes de
la Sauvegarde. Ce fut Alain Fambon, vice-président, qui tout en
excusant l’absence du président Pierre Court, leur
adressa tous les remerciements de la Sauvegarde.
M. le maire présenta alors sa commune.
Dénommée auparavant Saint-André-des-Effangeas,
Saint-André-en-Vivarais – appelée ainsi depuis 1926 –
est une commune rurale de 238 habitants (1 134 en
1891) qui s’étend sur 20,48 km², située à plus de
1 000 mètres d’altitude aux limites de l’Ardèche et de
la Haute-Loire, du Vivarais et du Velay, à 4 km de
Saint-Bonnet-le-Froid (43) et à environ 15 km de
Tence (43), Saint-Agrève (07), Lalouvesc (07) et de
Chambon-sur-Lignon (43). Faisant partie de la
communauté de communes Val'Eyrieux, de nombreuses
associations contribuent à son dynamisme.
M. Fouvet ayant terminé sa présentation en évoquant
un projet de restauration d’un des deux calvaires de sa
commune, Philippe Duclaux remercia les différentes
personnes qui avaient contribué à l’organisation de
cette sortie, en particulier Josy Chomel, et annonça le
programme de la journée.
Salle polyvalente de la commune de Saint-André-en-Vivarais |
Poème de Louis Pize |
La visite commença par le château des Baumes avec
pour guide Monique Lempereur, présidente de
l’association « Le château de Beaudiner ».
Le château des Baumes est un des quatre châteaux de
Saint-André-en-Vivarais, avec le château médiéval de
Beaudiner, dont il ne reste plus grand-chose, mais
dont l’histoire vaut le détour, le château de la Valette
du xixe siècle, qui n’a jamais été terminé, et le château de Montivert.
Le château des Baumes |
Baumes ou Beaumes se situe au sud-est de Saint-André, à environ 2 km du village. Ses origines sont assez floues, ce fut peut-être une dépendance de la commanderie de Devesset. Au xive siècle, Anne de Beaumes, fille de noble Jean de Beaumes, épousa noble Baptiste de Guilhon. En 1596, la seigneurie de Beaumes passa par mariage à la famille Fay de Gerlande. Hector de Fay, chevalier de Malte, transforma, embellit le château et acquit de nombreuses terres. Sa sœur, son héritière, transmit par mariage la seigneurie aux La Rivoire. En 1713, Just-Antoine de La Rivoire, futur marquis de la Tourette, fut sans doute obligé de vendre Baumes ainsi que d’autres biens. On trouve dans les années 1720 que plus de cinquante familles payèrent une contribution à messire Just-Henri Lamouroux, écuyer et seigneur de Beaumes et dépendances. En 1745, les biens furent vendus à Claude Julien, sieur de Ronchol dont la succession fut difficile, ce qui fit qu’en 1855 le domaine fut acheté par Régis Mounier, du lieu de Gaches à Saint-Bonnet-le-Froid. En 1901, un nouvel acquéreur Pierre Tardy, moulinier à Tence, confia le château à un fermier, Duchamp, dont les descendants occupent toujours la ferme attenante. C’est sur un mur d’angle de cette ferme que nous avons remarqué une pierre particulière qui, d’après le fermier, serait une pierre guérisseuse.
Visite de la Sauvegarde en juin 2004 |
La « pierre guérisseuse » |
Le domaine fut entièrement restauré à la fin du
xxe siècle par un propriétaire privé. Le château, formé
de deux tours et d’un logis rectangulaire, date de la fin
du xve-début xvie siècle. Les façades sont percées de
fenêtres à traverses et croisées. Une date en remploi,
« Anno 1578 », subsiste dans le portail reconstitué du
mur de clôture, provenant de l’ancienne ferme. Des
modifications furent effectuées au xviie siècle.
L’intérieur ne se visite pas, mais nous avons pu
pénétrer dans la cour : le château est entouré d’un
mur de clôture qui délimite deux terrasses, une au
nord accessible par un portail couvert constitue une
cour intérieure avec des dépendances (une grange-étable,
des communs en appentis), l’autre au sud,
accessible par la cour intérieure et par un portail
remonté dans la clôture et conduit vers un jardin
d’agrément et un jardin potager.
Le château
de Montivert nous a été présenté par son propriétaire,
Antoine -
Alexandre Cavroy.
La conciergerie,
bâtiment inhabité
depuis la fin des
années 1950,
petit à petit
tombé en ruine,
est classée monument
historique,
elle porte la croix
tréflée, emblème
de la famille de
Lacroix-Laval de
Lyon. Sa restauration
est prévue
par l’association
des Amis du château
de Montivert avec une campagne de financement
participatif.
Le château accueille actuellement pas moins de 10 000
visiteurs par an. Le domaine comprend, outre le
château et le pavillon d'entrée, un potager, une
bergerie, un bûcher, un fournil et la maison du fermier
que nous n'avons pas eu l’occasion de visiter. Mais
Antoine-Alexandre Cavroy précise que le parc est
ouvert au public en accès libre de début avril à fin
octobre.
Château de Montivert |
Le château a succédé à un château féodal situé en
contrebas, ce dernier a été démoli au milieu du xviiie siècle par la famille de Montivers (avec un « S » pour la
famille, un « T » pour le château) pour construire une
maison forte. La fille du dernier baron de Montivers,
Marie-Joséphine-Amicie Vire de Liron de Montivers,
épousa en 1841 son cousin Antoine-Louis de Lacroix-
Laval (1814-1876), fils du député-maire de Lyon. Le
couple mandata l'architecte lyonnais Pierre Martin
pour construire un nouveau château comme résidence
d'été, très confortable pour l’époque, achevée en 1857.
Le confort et la modernité étaient présents : chauffage
à air pulsé, monte-plat entre la cuisine et la salle à
manger, lampisterie en sous-sol et bûcher dans la
cuisine, double circulation réalisée par des couloirs
dérobés construits de chaque côté des paliers de
l’escalier – système permettant à chaque pièce d'être
indépendante –, double cloison avec vitrage dans le
mur nord de l'escalier d'honneur. L'ensemble du site
était alimenté en eau par six sources, avec l'eau à tous
les étages et toilettes avec vidange.
En 2013, la famille Cavroy a acheté le château avec
d’importants travaux à réaliser. Le château ayant été
vidé par les Lacroix-Laval en 1980, il a fallu tout
remeubler, si possible à l’identique. De l’extérieur du château, on
distingue à gauche, au-dessus de l’entrée principale, la
croix tréflée des Lacroix-Laval, avec des têtes de lions
qui représentent la ville de Lyon, chère aux Lacroix-
Laval, et à droite les armoiries de la famille de
Montivers.
Armoiries des Lacroix-Laval |
Le bâtiment, atypique, très différent des autres
châteaux locaux, possède 64 pièces, « officiellement,
c’est un F39 de 2 400 m² », nous a dit avec humour son
propriétaire, avec 158 portes et 110 fenêtres. La visite
complète dans le château fait 1,4 km. Nous avons fait
une visite de plus de deux heures, mais personne ne
s’est plaint car elle a été passionnante.
Nous avons retrouvé sur le sol du vestibule les
armoiries des Lacroix-Laval surmontées d’une
couronne comtale (Antoine-Louis de Lacroix-Laval, le
titre de comte romain ayant été donné par le pape
Pie IX en 1868 pour ses services rendus au Saint-
Siège), et les trois fleurs de lys pour les Vire de Liron
de Montivers qui avaient le droit de l’utiliser puisqu’ils
étaient directement au service du roi. Ces armoiries
sont omniprésentes dans le château.
Nous avons aperçu au « rez-de-chaussée » la salle de
billard avec le fumoir où l’on parlait affaires, le
bureau. Nous avons accédé à l’étage par un grand
escalier suspendu avec ferronnerie d’art lyonnaise
pour entrer dans le salon d’apparat, le salon
personnalisé avec la mise en valeur des portraits des
membres de la famille de l’époque et le grand salon
confortable avec sa grande cheminée. La mère
d’Antoine-Alexandre Cavroy a alors pris en charge une
moitié de l’assistance pour la visite. Il est difficile de
rendre compte ici de toutes les pièces visitées que nos
hôtes ont illustrées de diverses anecdotes : le boudoir,
la salle à manger et sa crédence sculptée, des chambres
(chaque chambre a sa pièce de toilette), la chapelle,
les soupentes avec vue de la charpente, les cuisines...
Certaines pièces ne sont pas visitables car en
restauration. Le château se visite toute l’année sur
rendez-vous (06 33 52 71 83) ou à l’occasion des
journées européennes du patrimoine, mais celles-ci
connaissent une grosse affluence. Il est à souligner que
l’entrée adulte est de 5 euros et qu’elle est
entièrement utilisée pour la rénovation du site et que,
pour sensibiliser les plus jeunes à la sauvegarde du
patrimoine, les visites sont gratuites pour les moins de
dix-huit ans.
Nous nous retrouvons au hameau des Ruches, devant une ancienne maison de Béate, dont l'aventure, étalée sur environ 300 ans (1660-1960), nous fut contée par Michel Faure. Initialement Filles de l'Instruction, créées au milieu du xviie siècle par Anne-Marie Martel (1644-1673) du Puy-en-Velay, c'étaient des jeunes filles ou des veuves réunies en une association diocésaine, ce qui les faisait assimiler à des religieuses, ne serait-ce que par leur costume ; établies dans la plupart des hameaux isolés du Velay, puis de la Haute-Loire, elles enseignaient le catéchisme, les « rudiments »... et la dentelle ; elles vivaient dans les « maisons d'assemblée » construites par les habitants du hameau qui assuraient intégralement la nourriture et l'entretien de leur Béate. Quelques-unes de ces très modestes maisons ont été bâties en Ardèche où, à Saint-André-en-Vivarais, en subsistait une presque en ruines jusqu'en 1988 ; à cette date, le maire, Guy Pleynet, présent en cette journée du 5 juin, et Michel Faure, alors président de la Sauvegarde, firent inscrire au programme 1999 du Conseil général la restauration de la dite maison (coût total : 117 000 F), typique de la petite architecture rurale. L'inauguration eut lieu en août 2000.
La maison de la Béate
D'après les comptes rendus de visites de la Sauvegarde de juin 2004 et juin 2019,
ce dernier paru dans « Patrimoine d'Ardèche », n° 53, janvier 2020.