L’accueil fut chaleureux en mairie de Saint-Remèze où nous attendaient plusieurs conseillers municipaux réunis autour de leur maire, Paul Lavie ; après les échanges de circonstance, un apéritif garni et le repas tiré du sac pris dans une salle mise à disposition, Michel Raimbault, conseiller municipal et guide avisé, nous fit les commentaires appropriés tout au long de la visite du village.
Devant d'autel : Baptême de Clovis par saint Remi |
Vitrail : Baptême de Clovis par saint Remi |
L’église paroissiale date de la seconde moitié du xixe siècle ; composée de trois nefs et surmontée d’un clocher à flèche, l’édifice est vaste et ressemble à la plupart des églises construites dans cette période de forte croissance de population. À l’intérieur, deux bénitiers et le bas–relief du maître-autel proviennent de l’église précédente, édifiée sur le même emplacement ; le bas-relief représente le baptême de Clovis par l’évêque Remi de Reims, en rapport avec le vocable saint Remi attribué à l’église. La tradition voudrait qu’une première église ait été construite en ce lieu et dédiée au célèbre évêque de Reims en raison de la présence de l’ermite Montan venu chercher un temps la solitude dans la vallée du Rhône ; ce dernier, qui a donné son nom au village voisin de Saint-Montan, serait le confesseur qui avait prédit l’illustre naissance à Célinie et Emile, famille princière de Laon (Aisne).
Laissons de côté ce récit qui, en l’état de nos connaissances, mêle histoire et légende pour nous intéresser au vocable saint Remi ; en 877, une église existait en ce lieu, l’empereur Charles le Chauve confirmant à l’évêque de Viviers l’« ecclesia sancti remigii ». À cette date, remigii est le nom latin du célèbre évêque de Reims (v.437 – v. 530) ; si la francisation de ce patronyme très ancien a été Remi (et non Rémi), la langue d’oc en fit Remézy (nom en usage jusqu’au xixe siècle – la ville de Toulouse a une rue Saint Remésy) et enfin Remèze.
Le vitrail central représente, comme le bas-relief de l’autel, le baptême de Clovis ; au bas se trouve l’inscription : « LA PAROISSE ST REMEZE A ST REMI XIVe CENTENAIRE ». Ce quatorzième centenaire correspond à la date anniversaire de 1897, l’année 497 étant alors considérée comme date du baptême de Clovis (aujourd’hui, les historiens sont partagés entre les années 496 et 498) ; la réalisation de ce vitrail est liée à cet anniversaire pour lequel la ville de Reims organisa de grandes fêtes auxquelles participa une délégation de Saint-Remèze. Les vitraux latéraux représentent, d’un côté Jeanne d’Arc et de l’autre saint Hilaire et saint Clément.
La montée dans le clocher fait apparaître la nécessité d’effectuer quelques travaux d’entretien et de sécurisation.
À proximité de l’église, côté sud, se trouve un ensemble de bâtiments à trois niveaux formant « le château »1. La partie qui paraît la plus ancienne – arêtes d’angles avec pierres à bossage (fin xiie , xiiie siècle) – a pu être un donjon et servir de logis seigneurial ; les autres parties, plus récentes, sont desservies par un bel escalier en pierres à double volée. Plusieurs propriétaires, certains n’habitent pas les lieux, se partagent l’ensemble de la bâtisse qui pourrait faire l’objet d’une réhabilitation, voire d’une restauration souhaitée par la municipalité.
Saint-Remèze - Le "château" |
Fontaine devant le "château" |
À l’est du village, à l’emplacement de la porte ouvrant en direction de Bourg-Saint-Andéol, sont encastrés dans la façade d’une maison les restes d’un pilier avec départ d’arc et des pierres de remploi ; entrelacs carolingiens pour l’une et pierre gravée millésimée (1551 ou 1558) pour une autre, avec une inscription en langue d’oc.
Saint-Remèze - Le ruisseau. Remarquer les escaliers conduisant aux jardins et, au fond, le lavoir |
Après avoir rejoint le vestibule de la mairie, M. Raimbault nous présenta une borne de limite récemment découverte sur le territoire communal ; le symbole gravé sur l’une des faces pourrait être une croix de Malte (les Hospitaliers de Saint-Jean de Trignan furent longtemps propriétaires dans le voisinage). Nous avons parcouru ensuite la rue Basse pour nous rendre jusqu’au ruisseau qui alimente la « pompette » et le lavoir. Notons au passage les belles fontaines installées après l’épidémie de choléra des années 1883-1884 qui avait durement touché la population.
Le grand lavoir communal, en bordure du ruisseau, les murs en pierres sèches soutenant les jardins et les escaliers permettant d’y accéder forment un bel ensemble de patrimoine rural à mettre en valeur ; là aussi, la municipalité est décidée à agir. Par ailleurs, la commune possède des terrains en terrasses aménagées (les faysses) au quartier des Costes mais la visite ne put se faire, étant donné l’heure tardive et la météo défavorable ce jour-là.
Le lavoir et la « pompette » |
En dépit d’un temps capricieux, cette journée a été bénéfique pour tous ; les rencontres et les contacts pris entre les membres des associations présentes et les élus municipaux – la Sauvegarde se rendait à Saint-Remèze pour la première fois – devraient contribuer à plus d’efficacité dans l’établissement et le suivi de nouveaux dossiers présentés par les deux communes visitées. De telles sorties, dans lesquelles la Société de Sauvegarde peut se faire (mieux) connaître, sont à renouveler.
1- Pour plus d’informations, voir l’ouvrage De la Dent de Rez aux Gorges de l’Ardèche, Éditions de l’Ibie 07150 Lagorce, 2008, p.397.
Alain Fambon
Visite de la Sté de Sauvegarde du 6 novembre 2008