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LE CHÂTEAU FORT DE MEYRAS
dit
CHÂTEAU DE VENTADOUR

Sur la route nationale 102, d’Aubenas vers Le Puy, à la sortie du village de Pont-de-Labeaume, on découvre brusquement l’imposante silhouette du château fort de Ventadour. Il dresse ses hautes murailles crénelées sur un éperon rocheux qui domine de 75 mètres le confluent des vallées de l’Ardèche et de la Fontaulière, tout près aussi de celui de l'Ardèche et du Lignon. Il est construit au carrefour de routes qui relient le monde méditerranéen et la vallée du Rhône au Massif central.

Le site du château de Ventadour

Le château de Ventadour domine de 75 mètres le confluent des vallées de l'Ardèche et de la Fontaulière

Château de Ventadour avant restauration

Tableau de Jules Thibon (vers 1860) - Collection particulière
( licence Creative Commons  Attribution-Share Alike 2.5 Generic

L’utilisation de ces routes est très ancienne, ainsi Jules César aurait emprunté la vallée de la Fontauliére et le col du Pal, au-dessus de Montpezat, pour surprendre les troupes de Vercingétorix et il faut aussi mentionner la borne milliaire trouvée au pied du rocher en 1859, portant une dédicace à la gloire du jeune empereur Constantin Ier, maintenant placée au bord de la route, près de l’église de Pont-de-Labeaume.
On peut donc penser que ce remarquable poste de guet a été aménagé très tôt. Cependant, bien que l’origine du château soit imprécise, les premiers documents connus et les pièces de monnaie retrouvées lors des travaux de fouilles conduisent à penser qu’il n’a pas été construit avant la fin du xiie siècle. À cette époque, le fief de Meyras appartenait aux Solignac, mais en 1195 Béraud de Solignac abandonne le fief de Meyras au sire de Montlaur qui avait épousé sa sœur Miracle de Solignac. Vers la fin du xive siècle, les Lévis l’acquièrent par héritage. Un de ceux-ci épouse Blanche de Ventadour en 1472, ce sera probablement la dernière châtelaine à l’habiter, mais le nom de Ventadour ne sera donné au château qu’au xixe siècle.

De nombreux propriétaires se succèdent ensuite, Choisinet, de Launay d’Antraigues, Desarcis, Chanaleilles et Marcieu. Quant à sa ruine, la date et les causes en sont également mal connues. Il semble que l’entretien de ce vaste château était très difficile, les actes notariaux et divers inventaires d’un pauvre mobilier font souvent état d’entretien et de réparations. À la Révolution, le château de Meyras est décrit en ces termes  « cette vieille masure de château n’a point porté depuis sa destruction, arrivée depuis plus d’un siècle, de revenu ». Ensuite, la pluie, le gel et le vent, ainsi que l’action des hommes qui ont récupéré les matériaux utiles, bois, pierres taillées, ont contribué à le transformer en un amas de pierres. En 1968, ce n’est plus qu’un champ de ruines. Pierre Pottier l’achète, fonde l’Association de sauvegarde et de mise en valeur du château fort de Ventadour et depuis avec l’aide du Conseil général, de bénévoles, grâce à l’attribution de prix (chef-d’œuvre en péril) et le concours de mécènes, il entreprend de reconstruire le château qui a été inscrit à l’Inventaire supplémentaire des monuments historiques, afin de l’utiliser à des fins culturelles et sociales.
Aucun document ne permet de décrire le château à l’époque de sa construction. C‘est donc à partir des éléments qui subsistaient et des observations faites lors des travaux de reconstruction que diverses hypothèses ont pu être formulées.

Maquette du château La face occidentale du château

La face occidentale du château

Il avait trois lignes de défense successives. La première entourait complètement le château et avait trois portes. La seconde ne protégeait le château que sur sa face sud, la plus vulnérable, elle n’avait qu’une seule entrée, la porte à assommoir, quant à la troisième, accessible par l’intermédiaire d’un pont-levis, elle englobait les habitations.

D’après Georges Grégoire, auteur d’une notice sur le château, il semble que l’on aurait d’abord construit le donjon carré qui domine l’ensemble et, avec ses murs épais, a bien résisté au temps, puis la tour carrée de l’angle nord-ouest dont les deux salles supérieures ont conservé leurs voûtes en excellent état. La tour carrée de l’angle sud-ouest surmontée de deux échauguettes serait nettement postérieure, du xive siècle.

Le château de Ventadour vu du nord-ouest

Le château vu du nord-ouest

Le château de Ventadour vu du sud-est

Le château vu du sud-est

Lors de la visite, souvent conduite soit par M. ou Mme Pottier soit par des bénévoles qui ont parfois participé, depuis le début, aux travaux commencés en 1969, l’évolution de la construction du château, telle qu’elle a été déduite de l’observation attentive des ruines, encastrement des poutres indiquant le niveaux des planchers et toitures, soutenue par une bonne connaissance de l’architecture locale, est abondamment commentée. Les chemins de ronde, hourd (galerie de bois établie en encorbellement au sommet d’une muraille pour en défendre l’accès au moyen de projectiles), bretèches, archères, postes de garde, bâtiments d’habitation seigneuriaux ainsi que les communs, cuisine, four à pain, citerne, sont montrés ou visités.

Restauration du château de Ventadour : Reconstruction de la chapelle Saint-Martin

Reconstruction de la chapelle Saint-Martin - À droite, porte assomoir

château de Ventadour : Porte à assomoir

La petite chapelle Saint-Martin, curieusement détachée de la citadelle, est en cours de reconstruction. Il semble qu’elle serait plus ancienne, du xe siècle et établie sur une source. Serge Dahoui, auteur de « Ventadour » la décrit ainsi : « C’est une église d’une seule nef, sans transept, terminée par une abside surbaissée en cul-de-four. Trois fenêtres meurtrières quadrangulaires éclairent l’abside… »

Les travaux continuent...

Les travaux continuent...

Les travaux ne sont pas terminés, il reste à reconstruire la tour sud-ouest avec ses échauguettes, la grange et divers locaux. Ces travaux ont été effectués en essayant de restituer le bâtiment comme il était au moment de sa conception en tenant compte des ajouts effectués aux xiiie et xive siècles pour améliorer sa valeur militaire, puis au xvie siècle pour le rendre habitable. Il se présente donc comme il apparaissait au xviie siècle ; intérieurement il n’a pas été rétabli dans son état primitif, mais tel qu’il devait être pour être adapté à sa vocation socioculturelle et aux impératifs de sécurité et d’habitabilité de notre temps.

Sa visite est très instructive et, en regardant les photos prises lors de la création de l’association en 1969 et en les comparant à l’état actuel de la citadelle, on ne peut être qu’admiratif devant le courage et la ténacité des milliers de personnes qui ont participé à ce renouveau.


Reconstitution du château dans l'état qu'il devait présenter au XVIIe siècle

Reconstitution du château dans l'état qu'il devait présenter au XVIIe siècle, d'après Philippe Denis (Revue du Vivarais, N° 4, 1981.)

Texte et photographies: Jacques Dugrenot

Bibliographie