Proche de Viviers, c'est une petite église rurale pleine de charme dans son nid de verdure et bordée de vignes aux tons changeants. Saint Ostian aurait vécu au vie siècle, il était parent de l'évêque de Viviers, saint Venance, fondateur du chapitre de la cathédrale, lui-même parent du roi burgonde Sigismond. Il mena ici une vie d'ermite durant vingt-cinq ans. On lui attribua des guérisons d'aveugles. Après sa mort, une première chapelle fut bâtie sur le lieu de sa cellule, chapelle agrandie puis restaurée au xie ou xiie siècle. Des fouilles eurent lieu en 1869 et l'on découvrit son sarcophage sous l'autel. Ses ossements furent transportés à la cathédrale et une crypte aménagée afin de conserver le sarcophage. La piété populaire vivaroise invoquait traditionnellement saint Ostian au cours de processions pour obtenir la pluie en période de sècheresse.
La chapelle Saint-Ostian |
La petite porte latérale ouverte au sud est bien romane, avec son linteau débordant, son arc aux claveaux soigneusement appareillés et surtout son tympan sculpté. Celui-ci est malheureusement très altéré et l’ensemble de la composition bien difficile à interpréter. On a du
mal à reconnaître deux petites têtes, un animal fabuleux,
quelques feuilles, puis en dessous, des arcades, un portail
et une petite niche funéraire.
Des pierres provenant des chapelles précédentes ont été
réutilisées ; dans le mur méridional, à gauche du tympan,
le fragment d'un chrisme avec la lettre grecque
« oméga », à droite de la porte,
dans le bas du mur, un entrelacs carolingien et dans le
bas du contrefort une croix pattée sur une pierre provenant
d'une plaque de chancel. Enfin dans le mur pignon,
sous le clocher peigne, une curieuse croix de Malte*,
accompagnée d'un motif feuillagé.
*À ce sujet, voir ci-dessous le commentaire de Christiane Bernard.
Tympan du portail méridional. Remarquer la portion de chrisme avec la lettre « omega » |
À l'intérieur, nous retrouvons l'architecture aussi simple qu'élégante de nombre de nos petites églises rurales du Vivarais méridional.
À savoir, une nef unique de deux travées dont la voûte en plein cintre est soutenue par un puissant arc doubleau reposant sur des pilastres par l'intermédiaire de simples impostes, les murs latéraux renforcés par des arcs de décharge et une petite abside semi-circulaire voûtée en cul-de-four.
Texte : Yvonne Leclère et Paul Bousquet
Photos : Paul Bousquet
Parmi les nombreux réemplois de cette chapelle, certains sont très souvent décrits. Mais il y en a deux pas très visibles souvent oubliés et un dont la taille modeste l'a fait passer inaperçu, car je ne l'ai jamais vu publié.
Le premier est très difficile à voir car situé à l'intérieur en haut du mur gauche de la nef deuxième travée, sous l'amorce de la voûte. Il est décrit sur la note qui figure à l'entrée de la chapelle. C'est un fragment de frise d'entrelacs en relief semi-méplat de 16x43 cm. Il représente une torsade à trois brins terminée par une boucle à une extrémité.
Le deuxième se situe à l'extérieur dans le mur pignon du clocher. Il s'agit d'un double motif : à gauche une croix pattée (présentée comme croix de Malte, mais je ne suis pas d'accord car elle n'est pas bifide) ; à droite un motif carolingien classique : le quatre feuilles (qui figurait sur la plaque de chancel volée à Saint-Sulpice de Trignan).
Réemploi situé à l'extérieur dans le mur pignon du clocher |
Fragment de frise d'entrelacs situé à l'intérieur de la chapelle |
Réemploi situé à droite de la porte sud |
Le troisième est une toute petite pierre
en calcaire de 13x4.5 cm située à droite de la porte
sud. Elle a pourtant été mise en valeur par les bâtisseurs
qui l'ont située exactement en pendant de la portion de chrisme
qui se trouve à gauche de la porte.
C'est surtout l'association des deux motifs qui la composent qui est rare :
je n'en connais pas d'autre à ce jour. Il s'agit d'une frise composée
d'une corde parallèle à un motif au trépan. La corde est
un motif dont la représentation remonte très loin dans le temps.
Des motifs au trépan sont visibles dans le sud de la France, dans des églises
du premier art roman (Saint-Martin de Londres et Saint-Pierre de Rhèdes
dans l'Hérault).
La pierre est coupée à droite et en haut sur la longueur. Elle
pouvait être un angle de table d'autel, un fragment d'inscription ou de
chapiteau ?
Les murs de la chapelle comportent de très nombreux fragments de tegulæ.
Christiane Bernard (Texte et photographies)
Ce chapiteau provient aussi de la chapelle Saint-Ostian, où il a longtemps été utilisé comme bénitier. Depuis, il en a été retiré pour être placé en lieu sûr.(Photographie Christiane Bernard) |