La tour de Brison est bien connue en Ardèche
méridionale par sa position privilégiée sur une éminence à 781
mètres d'altitude, d'où elle domine un vaste panorama s'étendant
du rocher de Coucoulude, près de Loubaresse, au Coiron, à la
Dent de Rez et à la Serre de Barjac. Sans doute
la très ancienne légende
selon laquelle le Diable venait chaque année, à minuit
le 31 décembre, en prendre une pierre, jusqu'à la dernière
qui marquerait la fin du monde, a-t-elle aussi contribué à la
renommée du monument...
Mais en fait, la tour de Brison n'est que le vestige d'un
important ensemble castral.
La première mention écrite de Brison date de
1210 avec Étienne de Tauriers comme seigneur du château de Brison
; une branche de la famille de Tauriers se sépare de celle-ci pour se
nommer du seul nom de Brison, son domaine seigneurial.
Quelques dates jalonnent cette possession
-1259 : Arnaud de Brison est témoin
d'un échange entre l'évêque de Viviers et le Prieur de Ruoms
; échange entre les églises de Pradons et Auriolles et celle de
Ribes.
-1333 : le 25 août, Pierre de Brison
rend hommage à l'évêque de Viviers, Henri de Villars.
Le dernier des Brison fut Gabriel II, fils de Garin ; il épousa
Louise de Garave ; cette dernière devenue veuve et n'ayant pas d'enfant
testa le 12 décembre 1583 en faveur de Jeanne de Cayres, épouse
de Rostaing Ier de Beauvoir du Roure de Beaumont. En 1622, celui-ci
cède son héritage à son fils aîné Joachim dit
le "Brave Brison" qui périt assassiné en 1628.
Brison passe entre les mains de Rostaing II, puis de son fils
aîné François, baron de Beaumont et Brison, marié le
8 janvier 1688 à Françoise des Boscs. François achète
en 1705 la terre de Versas et Montbrison à Jacques de Bernard de Montbrison
et fait édifier un second château au-dessus du hameau de Brison
. Il semble que l'ancien domaine castral de Brison était
alors ruiné ou tout au moins inhabitable. Une description
nous en a été laissée
par le notaire Duroure qui habitait aux Deux-Aygues, au pied du site de Brison :
"L'emplacement de la forteresse contenait 725 toises carrées
; l'on y entrait par le moyen de deux portes, l'une donnant sur le midi, l'autre
sur le nord .... le château était fortifié de trois grosses
tours carrées, triangulairemant placées, distantes de 50 pieds
l'une de l'autre .... les deux tours du milieu étaient d'égale
grosseur elles avaient environ 100 pans de hauteur et 88 pieds de tour ; d'une épaisseur
considérable et proportionnée à leur hauteur, ayant trois
voûtes l'une sur l'autre .... les bords de l'emplacement étaient
bordés et fortifiés de bons et gros remparts, garnis de redoutes,
meurtrières ..etc ... Une citerne profonde avait été creusée
dans le roc, dans l'enceinte du fort et au devant de la grande Tour du Château
afin d'avoir de l'eau pour son usage dans le cas d'un siège où l'on
ne pourrait sortir pour aller prendre de l'eau à la fontaine sortant du
rocher."
La tour de Brison en 1989. |
La tour restaurée. |
Cette description détaillée montre qu'un ensemble
fortifié considérable s'élevait sur le site de Brison. Nul
document ne permet pour l'instant de dater la ruine de ce fort : guerres de Religion
? autres troubles ? Nul ne le sait.
Le second château de Brison a été détruit
pendant la Révolution ; il reste des ruines imposantes qui d'ailleurs
furent incendiées encore par les Allemands en 1944.
La tour de Brison, qui était la tour
sud-ouest de l'ancien ensemble castral, dont elle constitue donc le seul
vestige, était elle-même dans un état de dégradation
très avancé et menaçait de s'écrouler complètement
lorsque, en 1989, quelques bénévoles groupés autour
de M. Robert Brugère décidèrent d'en entreprendre
le sauvetage. C'est ainsi que naquit l'association des Amis de la
Tour de Brison à laquelle la Société de Sauvegarde apporta tout de suite son soutien.
Les premiers travaux, en 1990-1991, ne présentèrent
pas de difficultés particulières, car il s'agissait de consolider
les parties encore existantes. La suite, en l'absence d'archives, posa davantage
de problèmes ; c'est l'examen détaillé d'anciennes
cartes postales datant du début du XXe siècle
qui permit de se faire une idée de la nature de la construction.
Mais l'exemplarité de ce travail de restauraton réside
aussi dans le fait que ses auteurs réussirent à donner à la
tour reconstruite une fonction de première importance. Elle est en effet
utilisée comme vigie pour la surveillance des incendies de forêt.
Les travaux furent terminés en 1997.
Voir une présentation plus détaillée des travaux.
Mise en place de la toiture. |
Restitution hypothétique du château de Brison par Michel Rouvière (... à la manière de Viollet-le Duc) |
Page réalisée d'après les comptes
rendus des visites de la Sauvegarde des 13/10/1990 et 7/10/2000
©Photographies et dessins de Michel Rouvière.