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De châteaux en églises sur le Coiron (Première partie)

Rochemaure - Mirabel - Saint-Laurent-sous-Coiron - Château de Pampelonne - Aubignas - Sceautres - Rochesauve - Château de Berzème - Beaupré

Haut plateau vallonné à vocation agricole, couvert de bocage, bordé de pentes abruptes, le Coiron présente la configuration d’une forteresse naturelle dominant les plaines et larges vallées environnantes.

Le Coiron

«...le Coiron présente la configuration d’une forteresse naturelle dominant les plaines et larges vallées environnantes.»

Ceci lui confère un caractère particulier, original comparé aux autres régions de l’Ardèche. Si l’on s’attache au patrimoine bâti, on constate que, à l’écart comme il l’est des grandes voies de communication qui le contournent, il n’a pas attiré l’établissement d’importantes communautés et se caractérise par l’absence d’architecture monumentale.

Cependant, quand on le parcourt, on y découvre toute la richesse d’une architecture paysanne et vernaculaire : villages anciens typiques dont la position en encorbellement au-dessus du pays environnant ajoute à leur charme, maisons fortes, petites églises, chapelles, vastes bâtiments agricoles... D’autre part, du fait de sa position dominante, le Coiron, avec ses reliefs escarpés, a de tout temps été un site idéal pour l’implantation d’ouvrages à caractère défensif, forteresses d’où l’on pouvait surveiller les alentours et où l’on pouvait se replier le cas échéant pour s’abriter dans des positions en principe inexpugnables. On les retrouve de nos jours à l’état de ruines, ou aménagées au fil des siècles en lieux de résidence.

Haut plateau vallonné à vocation agricole

« Haut plateau vallonné à vocation agricole »

Par contre, on aurait pu penser que le caractère isolé de ces hautes terres aurait attiré l’implantation d’établissements monastiques des ordres de type érémitique, cisterciens ou chartreux, qui recherchaient une telle solitude. Curieusement, il n’en fut rien et ils ont privilégié pour ce faire les vallons écartés de la Montagne ardéchoise...

C’est donc essentiellement deux types d’architecture que l’on va rencontrer en visitant les nombreux sites intéressants qui le jalonnent.

Une architecture défensive

Sans remonter aux oppida gallo-romains, hautes falaises basaltiques, necks et dykes volcaniques ont vu dès le haut Moyen Âge s’installer des châteaux forts qui dominaient le pays. Victimes des vicissitudes de la guerre, de démantèlement ou d’abandon, certains ne sont plus aujourd’hui que ruines.

D’autres, d’origine peut-être aussi ancienne, ont été réaménagés au fil des siècles pour devenir résidences pour la noblesse locale, ce qui a permis leur conservation. Souvent, le village qui se trouve au pied du château est issu de l’ancien bourg castral dont il a gardé les caractéristiques et il est alors difficile d’évoquer l’un sans parler de l’autre. L’ancienne enceinte, plus ou moins bien conservée, est aussi généralement présente. De ces sites castraux, le plus spectaculaire est peut-être le château de Rochemaure dont les ruines surplombent la dernière avancée du plateau volcanique du Coiron au-dessus de la vallée du Rhône.

Rochemaure

Lorsqu’on arrive à Rochemaure par la RD 86, que l’on vienne du nord ou du sud, on ne peut qu’être frappé par la masse noire de l’immense dyke issu du volcan du Chenavari qui s’étire au sommet de la pente dominant la rive droite du Rhône. Cela en fit certainement de tout temps un lieu stratégique. Sa crête supporte les ruines d’un vaste ensemble castral que Pierre-Yves Laffont (Atlas des châteaux du Vivarais) qualifie de « très complexe et hétérogène d’un point de vue chronologique ». Il conteste en particulier « toutes les assertions anciennes … sur le donjon qui occupe le point le plus haut du site, …et sujettes à caution ».

Le site castral de Rochemaure vu du village

L'ensemble castral de Rochemaure vu du village. De gauche à droite, en remontant la pente : la tour du Guast, la chapelle N.-D. des Anges, le donjon sur son piton basaltique et les vestiges des bâtiments castraux.

Il se dit que les origines de ces constructions remonteraient aux sarrasins au viiie siècle. Certains en voient la confirmation dans l’épithète « Maure ». Mais pour d’autres, elle ne se réfèrerait qu’à la couleur sombre du basalte. Le donjon – nous lui conserverons cette appellation en dépit de ce qui a été mentionné ci-dessus - aurait été bâti entre 1120 et 1140 par un descendant de Hugues Adhémar de Monteil, seigneur de Montélimar.

La chapelle N.-D. des Anges

La chapelle N.-D. des Anges (Photo Simone Delubac)

Ce serait alors un des plus anciens de la vallée du Rhône. Au siècle suivant, furent construits la maison seigneuriale et des remparts, à savoir la grande enceinte au nord du donjon qui enserre le village de la Fare et la maison seigneuriale, ainsi que deux murs crénelés descendant l’un du château, l’autre du village jusqu’au Rhône. Il faut savoir que celui-ci s’étendait alors jusqu’au niveau de l’actuelle RD 86. Ces remparts, ainsi que les tours qui les flanquent, ayant bénéficié de travaux de restauration, sont en bon état, mais les murs crénelés descendent moins bas qu’autrefois. La tour la plus importante est la tour du Guast ; construite sur un dyke basaltique, elle constitue elle-même un second château, bien que moins important que le château principal. C’est près d’elle qu’est implantée la chapelle Notre-Dame des Anges.

Propriété des Adhémar jusqu’au xive siècle, le château passa ensuite aux d’Anduze, seigneurs de La Voulte, puis, par mariage, aux Lévis-Mirepoix. Pendant les guerres de Religion, il était occupé par un capitaine châtelain, Josserand Guyon de Pampelonne qui fut ensuite remplacé dans cette charge par Jacques d’Hilaire de Joviac. Le château fut abandonné en 1630. En 1730, le propriétaire, le prince Hercule de Rohan, fit vendre la toiture pour couvrir une grange… Ainsi commença la ruine des bâtiments.

 

Le donjon

Rochemaure - Le donjon

En franchissant la grille qui marque l’entrée du château, on voit à droite le four banal, en haut de quelques marches. Le donjon se dresse encore majestueux avec ses quarante mètres de hauteur. Il est ancré sur un piton formé de prismes basaltiques. Construit en moellons de basalte noir, les chaînages d’angle seuls étant en calcaire clair, plus facile à tailler, il est formé d’une base carrée datant du début du xiie siècle, surmontée d’une tour pentagonale, telle qu’on les construisait vers la fin de ce même siècle. Sur son rocher abrupt, il n’a jamais été pris. Comme c’était généralement le cas, ce donjon ne comportait pas d’ouverture à sa base ; on y pénétrait, par une porte ouverte au premier étage, par une échelle facile à retirer en cas de danger. De nos jours, un escalier intérieur, construit pour faciliter l’accès des visiteurs, permet d’atteindre la terrasse située au pied de la tour polygonale. On a de là une vue splendide sur la vallée du Rhône et sur l’extrémité du massif du Coiron, avec notamment le volcan du Chenavari qui culmine à 508 mètres.

Il ne reste que quelques pans de murs de la demeure seigneuriale du xiiie siècle ; l’un d’eux est percé d’une fenêtre à meneaux qui est malheureusement le fait d’une reconstitution aberrante. Subsistent également les murs de la nef d’une chapelle romane, la chapelle Saint-Laurent, dont l’origine remonterait au viiie siècle. Reconstruite au xiiie siècle, elle fut presque entièrement détruite pendant les guerres de Religion.

Mirabel

Mirabel

Le village de Mirabel dominé par sa tour

Mirabel La tour de Mirabel

Bien visible depuis la RN 102, le village de Mirabel, situé sur le rebord méridional du Coiron, domine la vallée de la Claduègne. Il est surplombé par une tour, vestige d’un ancien château.

Au Moyen Âge, il y avait en fait deux châteaux sur le plateau de Mirabel, ceci étant vraisemblablement dû à l’existence d’une coseigneurie, situation que l’on retrouve sur d’autres ensembles castraux du Vivarais : Montréal, Brison… Du château oriental, démantelé au XVIIe siècle sur ordre de Richelieu, on ne voit plus que quelques traces de murs à fleur de terre, marquant entre autres l’emplacement du donjon.

Du château occidental, qui a subi les mêmes vicissitudes, a subsisté, miraculeusement pourrait-on dire, le donjon carré. Comme la tour de Rochemaure, il est construit en moellons de basalte noir, les chaînages d’angle seuls étant en calcaire clair, vraisemblablement, là aussi, pour des raisons de facilité de construction, ce qui crée un fort contraste noir et blanc. Il aurait été élevé vers la fin du XIIIe siècle. Au pied, on trouve divers bâtiments dont la construction s’échelonnerait du XIIIe au XVIIIe siècles. Comme pour le château oriental, des traces de murs très arasées marqueraient l’emplacement de l’ancienne enceinte. De 1972 à 1995, de gros travaux de fouille et de restauration ont été réalisés par le propriétaire à qui l’on doit également de nombreux relevés.

Le très pittoresque village de Mirabel qui s’étend au pied garde le souvenir de l’ancien bourg castral. Il possédait deux enceintes, dont la dernière, datant vraisemblablement de la fin du XIVe siècle, est encore assez bien conservée. Il a récemment fait l’objet d’une passionnante et exemplaire étude de Georges Naud, président de la Société Géologique de l’Ardèche, sur l’origine et l’utilisation des matériaux de construction.

église St Etienne

Mireabel - Église Saint-Étienne

L’église paroissiale Saint-Étienne aurait été élevée vers la fin du XIIe siècle, mais la première travée pourrait être le reliquat d’une construction beaucoup plus ancienne ; établi aux alentours de 950, le Pouillé des donations de l’Église de Viviers faites à Saint-Vincent, plus couramment désigné sous le nom de Charta vetus, en fait mention. L’abside démolie pendant les guerres de Religion a été remplacée par un chœur carré.

Saint-Laurent-sous-Coiron

C’est sur un véritable balcon accroché à mi-pente du massif, d’où l’on jouit d’un panorama exceptionnel, que le village de Saint-Laurent-sous-Coiron s’est établi. On y a en particulier une très belle vue sur Mirabel.

Autrefois ceinturé d’un rempart dont il reste quelques éléments architecturaux, le village est dominé par les ruines du château. On y retrouve les vestiges d’un bâtiment quadrangulaire qui pourrait être daté de la fin du XIIe, ou plus vraisemblablement du XIIIe siècle. La construction s’élevait sur au moins deux niveaux en parements de basalte. Trait caractéristique des constructions du Coiron - nous l’avons déjà vu à deux reprises -, les chaînages d’angle et les encadrements d’ouvertures ont été taillés dans une roche calcaire plus tendre. Au nord, une porte en plein cintre était surmontée d’une ouverture à fort ébrasement.

L'église de Saint-Laurent-sous-Coiron

« C’est sur un véritable balcon accroché à mi-pente du massif [...] que le village de Saint-Laurent-sous-Coiron s’est établi. »

L’ancienne porte du village s’élève dans un décrochement du rempart. L’architecture est rudimentaire et aucun élément stylistique ne permet d’avancer une datation. Comme au château, les élévations sont en moellons de basalte à assises irrégulières et les piédroits et cintre de la porte face sud sont en calcaire. Large de 1,76 m et haute de 2,88 m et débouchant vers le nord sur un chemin étroit et abrupt, cette porte était certainement à usage piétonnier.

L’origine de l’église remonterait au VIIe siècle. On en trouve mention, avec Saint-Étienne de Mirabel, dans la Charta vetus. Mais il ne reste aucun vestige de cette époque et son emplacement reste à déterminer. Son existence est à nouveau attestée à la fin du XIe siècle dans le cartulaire de Pébrac qui mentionne sa donation à cette abbaye par Géraud, évêque de Viviers. L’intérêt de l’édifice actuel réside surtout dans son portail roman qui est abrité par un clocher-porche moderne. Son ouverture en plein cintre est encadrée de trois voussures dont une retombe sur deux colonnes. Celle de droite, qui pourrait être d’origine antique, est coiffée d’un chapiteau historié présentant un personnage assis et un quadrupède à visage humain

Château de Pampelonne

Le château de Pampelonne se trouve sur la commune de Saint-Martin-sur-Lavezon qui regroupe de nos jours les deux villages anciennement connus sous les noms de Saint-Martin-l’Inférieur et de Saint-Martin-le-Supérieur. Bâti sur une terrasse naturelle à mi-pente sur les flancs du Mont Bergouise, il y dresse une masse imposante flanquée de tours décapitées qui sont le résultat des destructions de la Révolution. On y bénéficie d’une vue remarquable sur la vallée du Barrès et, au delà, sur la vallée du Rhône et sur les A1pes.

Comme d’autres, le site a été fortifié dès le Haut Moyen Âge. D’après les Archives de Montélimar, un château fort s’y élevait au milieu du VIIIe siècle. Pithon-Curt (in Histoire de la maison d’Adhémar de Monteil) mentionne son existence avant la première croisade, aux alentours de l’an 1000. Trois autres châteaux forts, Allier, Miraval et Barry, ce dernier abondamment cité dans l’ouvrage Le brave Brison – 1619-1628 de J. Favre, occupaient avec lui les hauteurs de la vallée du Barrès. Ils furent démolis au moment du siège de Privas au XVIIe siècle, alors que le château de Pampelonne fut épargné en reconnaissance de la fidélité au roi des seigneurs de Pampelonne. Il avait par contre souffert antérieurement des guerres de Religion puisqu’il avait été incendié par les Huguenots en 1620. La partie incendiée ne fut jamais reconstruite à l’exception d’une poivrière élevée à l’angle nord-est.

Il est fait mention d’un Jean de Pampelonne qui y vivait à la fin du XIe siècle. En 1299, le château fait l’objet d’une donation par Aymar de Poitiers à Astorg de Geis qui en prend tous les droits seigneuriaux. En 1540, il rentre par mariage dans la famille de Guyon, seigneurs de Barry, qui porte depuis les noms et les armes des deux familles réunies. Le château de Pampelonne appartient donc, depuis la fin du XIIIe siècle, à la même famille dont l’histoire se confond étroitement avec la sienne et c’est toujours un représentant de la famille qui en est le propriétaire actuel

Aubignas

Aubignas, qui domine la vallée de Frayol à l’extrémité sud du Coiron, est resté de nos jours un exemple typique de castrum, avec un bourg castral bien conservé, enserré dans une enceinte encore bien visible avec une tour d’angle et une porte. Le village est surplombé par un imposant ensemble de bâtiments flanqué de tours, formé d’un château et d’une église qui lui est accolée, et dont la construction est réalisée en basalte.

Le château daterait des Xe ou XIe siècles. Il a été détruit au cours des guerres de Religion et fortement remanié au XIXe siècle. Sous son aspect actuel, il se présente sous la forme d’un bâtiment rectangulaire flanqué de deux tours.

vue générale d'Aubignas intérieur de l'église

L’église y est étroitement imbriquée. Église fortifiée du XIIe siècle avec une nef en berceau, elle a subi de nombreuses modifications dès le XIVe siècle.
Le clocher et les chapelles latérales sont récents. D’après l’Inventaire topographique du canton de Viviers qui comporte une bonne notice sur cette église, la façade a été percée de la porte actuelle et rejointée au début du XXe siècle. Le chœur, formé de l’abside et d’une courte travée, occuperait l’ancien donjon ce qui expliquerait qu’il soit plus ancien que le reste de l’édifice. Cependant, les nombreuses transformations qu’a subies cette église n’ont guère affecté l’intérieur qui reste authentiquement roman. Si on y pénètre, ce n’est plus du basalte que l’on trouve, mais du calcaire et l’on découvre une nef élancée d’une élégance que ne laissait guère présager la massivité extérieure de la construction. L’abside est animée d’arcatures en plein cintre dont trois reposent sur un mur-bahut. Il s’agit d’un décor plaqué contre ce mur semi-circulaire et non pas de niches qui y sont creusées.

Sceautres

Le neck de Sceautres

Le village de Sceautres au pied de son neck
(Crédit Patrice78500 - Licence Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0)

Établi au sommet d’un neck qu’on dit le plus grand d’Europe, l’ancien château de Sceautres a complètement disparu. Le village qui se trouve au pied montre encore des restes de l’enceinte dont une porte de la fin du Moyen Âge. On peut y admirer quelques constructions médiévales dont la plus remarquable, plaquée contre le rocher et présentant l’aspect bicolore typique de l’architecture du Coiron, pourrait être le reliquat d’une partie plus récente du château.

Rochesauve

Le vieux château de Rochesauve est caché au pied d’une falaise de basalte avec laquelle il se confond et d’où il domine la vallée de Chomérac. Il est aussi discret dans la littérature où on n’en trouve guère de mention. P.Y. Laffont n’y voit rien qui évoque « un château des XIIe-XIIIe siècles, les vestiges visibles actuellement […] paraissant renvoyer à la fin du Moyen Âge au plus tôt. »

Château de Rochesauve

Château de Rochesauve (Photo Simone Delubac)

Rochesauve

Rochesauve (Photo Simone Delubac)

Château de Berzème

Château de Berzème

Château de Berzème

Le château de Berzème, bâtiment inscrit à l’inventaire supplémentaire des Monuments Historiques depuis 1997, a une double spécificité, l’une découlant de l’autre, par rapport à tous ceux que nous venons d’évoquer. C’est le seul château établi sur le plateau lui-même, alors que les autres se trouvent en contrebas sur des éminences qui en jalonnent le pourtour et, contrairement aux châteaux féodaux, il est en fait le résultat de l’évolution d’une maison forte installée au cœur d’un terroir.

Pour Benoît d’Entrevaux, il daterait du XVe siècle. Mais d’après un manuscrit écrit par le curé Fauché : « Un noble, Gaspart de Mantin, d’Avignon acheta en 1634 les terres de Berzème et d’Allier ». Sur ce domaine agricole, il fait construire deux tours sur les ruines d’anciens bâtiments. Au XVIIIe siècle, la maison forte est la propriété des Montbrun. En 1711, elle appartient au seigneur d’Allier-Montbrun ; en 1760, à noble Fayon, baron de Montbrun, seigneur du Clap et à son épouse, Suzanne de Joviac ; enfin, en 1772, à l’abbé Antoine de Fayon de Montbrun, frère du chanoine de la cathédrale de Viviers. En 1782, il est acquis par Jean de Roqueplane, receveur des tailles du Vivarais et, en 1845, le propriétaire en est le chanoine de Tavernol de Barrès, son cousin. Enfin, à la fin du XIXe siècle, on y trouve le poète Eugène de Villedieu qui fut sous-préfet de l’Ardèche. Il y crée un parc arboretum composé d’essences nobles et qui est un ensemble unique en Ardèche méridionale : 25 hectares dont 10 en futaie régulière avec des cèdres, mélèzes, épicéas, séquoias, frênes, tilleuls, érables, sycomores, ormes, etc.

Berzème

Berzème (Photo Simone Delubac)

Construit entièrement en basalte, la pierre noire du Coiron, le château de Berzème est composé d’un bâtiment principal quadrangulaire massif, flanqué de deux tours rondes, crénelées à l’origine, mais écimées probablement par ordre de Richelieu, avec une cour d’honneur au sud et des bâtiments annexes au nord. On monte au premier étage par un magnifique escalier à vis en bois de châtaignier massif dans la tour de gauche qui abritait autrefois un oratoire.

Le château était encore habité en 1986, mais déjà mal entretenu. En 1997, la commune de Berzème rachète ce qui n’est plus que ruine, ainsi que le parc attenant. De 1999 à 2003, un gros travail de restauration est réalisé sur le logis principal : mise hors d’eau et aménagements intérieurs. Mention doit être faite du sauvetage de l’escalier en colimaçon en bois qui avait été démonté et vendu et qui a été récupéré in extremis chez un brocanteur pour être remis en place. Pour en assurer le financement, ont été installés en association avec Vivarais Habitat cinq logements. On a aménagé à l’étage une salle communale et un espace à vocation muséale. Il est regrettable que les plafonds à la française, qui étaient en trop mauvais état semble-t-il, n’aient pu y être conservés, ce qui fait perdre à ces pièces tout caractère. À l’est, la grande salle donne de plain-pied sur l’extérieur et est accessible par un «pas d’âne», large escalier extérieur, utilisable par des bêtes de somme, qui la relie à la façade sud. En arrière se trouvent les ruines des bâtiments annexes dont la restauration vient de débuter. Le château doit en effet y accueillir la collection de l’ancien musée agricole du Verdus près de Privas; cette collection acquise par le Conseil général rassemble aussi bien des outils à main (coulassou, bigot...) que de grosses pièces (tracteurs et locomobiles à vapeur).

Beaupré

Isolée dans un vallon champêtre, entourée de prairies verdoyantes, la maison forte de Beaupré, la bien nommée, a été bâtie à la fin du XVe ou au début du XVIe siècles. Située sur la commune de Saint-Pierre-la-Roche, c’est une bâtisse rectangulaire construite en basalte, soutenue par d’énormes contreforts. On y accède par une cour sur la façade sud. Elle appartint longtemps à la famille Guilhon. Récemment restaurée, c’est encore aujourd’hui une propriété privée, base d’une exploitation agricole.

Guy Delubac

Fin de la première partie

Deuxième partie : Une architecture rurale