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Visite du village de Gras

La pluie était au rendez-vous mais n’avait pas découragé une bonne trentaine d’adhérents présents au moment de l’accueil dans l’ancienne école du village. Après les souhaits de bienvenue de Florent Peyret, secrétaire de l’association des Enfants et Amis de Gras, Jean-Paul Croizier, maire et président de la communauté de communes DRAGA1, fit une rapide description de sa commune (vaste territoire de 5 600 hectares, population de 500 habitants, plusieurs hameaux, plusieurs édifices religieux) et présenta ensuite un dossier en cours pour la restauration des ruelles du village ; Cécile Madier, représentante des Chantiers de l’Argadem2, nous présenta cette jeune association d’insertion, spécialisée dans le bâti traditionnel, qui vient de terminer son premier chantier (enduits des façades et fresque intérieure de la mairie de Gras réalisés avec des matériaux naturels) ; s’appuyant sur une économie « sociale et solidaire », l’avenir semble prometteur pour cette association qui a déjà d’autres chantiers en vue (Lagorce, Châteauneuf-du-Pape).

Le village de Gras

Le village de Gras

L'église paroissiale N.-D. de l'Assomption et la chapelle Saint-Blaise

�glise paroissiale

Église paroissiale N.-D. de l'Assomption

d�tail du portail

Le groupe visita ensuite, au cœur du village, l’église paroissiale Notre-Dame de l’Assomption qui a été reconstruite au XVIIe siècle. De l’édifice précédent, N.-D. du Ranc, provient probablement l’archivolte du portail décorée de bâtons rompus, tout à fait de même facture que celle de la chapelle N.-D. des Pommiers de Ruoms. De part et d’autre, deux angelots, dont l’un tient un phylactère.
L’église est à nef unique, prolongée par une abside à trois pans. À l’intérieur, nous avons remarqué un ensemble important de peintures murales, sans doute du XIXe siècle, qui nous a paru mériter intérêt.

Après cette rapide visite, nous nous sommes acheminés jusqu’à la chapelle romane Saint-Blaise, parfaitement restaurée ; M. Peyret en rappela l’historique dans lequel son association et la Société de Sauvegarde ont été étroitement liées3 ; il mentionna aussi les visites de notre Société en 1964, 1969 et en 1987 (avec l’association des Ardéchois à Paris). Entourée d’un cimetière, on a pu penser que Saint-Blaise avait été construite pour suppléer dans le rôle de chapelle cimétériale N.-D. du Ranc qui était construite, comme son nom le laisse deviner, à même le rocher en haut du village. Une extrême simplicité marque l’intérieur, avec une voûte en berceau que rien ne sépare des murs nus qui la prolongent. Mais l’harmonie des lignes et la justesse des proportions suffisent à faire de cet édifice rustique un petit chef d’œuvre.
Tout un ensemble d’ouvertures se remarquent dans la voûte. Des vases acoustiques destinés à améliorer la sonorité de l’édifice, dit-on généralement, mais peut-être servent-ils aussi de drains pour lutter contre l’humidité du lieu.

chapelle St Blaise chapelle St Blaise
chapelle St Blaise

Chapelle Saint-Blaise - Remarquer les ouvertures dans la voûte.

Signalons enfin que l’église paroissiale et la chapelle Saint-Blaise sont toutes deux inscrites à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques.

Voir une présentation détaillée de la chapelle Saint-Blaise sur le présent site.

Église et hameau de Saint-Vincent

Arrêt rapide au hameau de Saint-Vincent, commune de Gras, sur la route de Saint-Remèze, pour visiter son église. Celle-ci reste en grande partie romane et fait partie des églises de type dit « bénédictin » ou encore en forme de croix latine. À l’extérieur, le chevet formé d’une abside centrale et de deux absidioles semi-circulaires, comme à Larnas par exemple, est malheureusement en partie masqué par une énorme sacristie du XIXe siècle. À l’intérieur, on retrouve bien le plan cruciforme avec une courte nef de deux travées voûtée en berceau, de grande élévation, un petit transept et les trois absides, basses, voûtées en cul-de-four. Deux chapelles latérales ouvertes sur la nef et sur les bras du transept ont été ajoutées au XIXe siècle.

Gras - Église Saint-Vincent : le chevet

Gras - église Saint-Vincent : le chevet

Gras - Église Saint-Vincent : la nef

Gras - église Saint-Vincent : la nef

L’ancienneté du lieu est confirmée par l’édification d’une église primitive en l’honneur de saint Vincent, « in villa quae dicitur Grasco » par un nommé Gombertus (citation dans la charta vetus).

L’église Saint-Vincent de Gras se situe dans la mouvance de christianisation précoce de la vallée du Rhône et de ses abords, comme les églises de Saint-André-de-Mitroys (commune de Saint-Montan), Notre-Dame de Mélinas (commune de Saint-Just d’Ardèche) ou Saint-Etienne-de-Dions (commune de Saint-Marcel d’Ardèche) ; édifiées au cœur d’un habitat dispersé, dans la continuité de domaines gallo-romains, ces églises primitives, antérieures au Xe siècle, ont pour particularité de se trouver géographiquement à l’écart des villages qui allaient se constituer.

Alain Fambon
Visite de la Sté de Sauvegarde du 6 novembre 2008
(en collaboration avec P. Bousquet pour les églises de Gras).
Voir aussi à ce sujet le DVD « Églises romanes en Ardèche »

Notes