Nous sommes accueillis à Saint-Jean-de-Pourcharesse par Mme Danielle Basilevitch, présidente de l’association des Amis de l’église, et par M. Michel Roche, maire délégué de Saint-Jean. Après la présentation de l’édifice par l’auteur de ces lignes, Mme Basilevitch nous rappellera la finalité de l’association qu’elle préside ainsi que les actions déjà accomplies et nous parlera surtout de l’important projet de restauration des peintures murales.
L'église de Saint-Jean-de-Pourcharesse |
Cette église a une origine ancienne. Elle figure en effet dans la charta vetus1,
plus précisément dans la partie de ce document qui est le « Bref d’obédience
des chanoines de Viviers », liste des prébendes accordées aux chanoines,
où l’on apprend que c’est Guitardus, prêtre, qui s’était
vu attribuer Saint-Jean-de-Pourcharesse. Le « Bref d’obédience » n’est
pas daté, mais on estime qu’il a été établi au cours de la première
moitié du xe siècle2. Donc,
notre église
existait déjà à cette époque. On peut penser que sa fondation est encore
plus ancienne, mais sans qu’il soit possible d’en préciser la date.
En 1289,
par la sentence arbitrale de l’archevêque de Vienne que nous avons déjà évoquée à propos
de l’église d’Ailhon, la
seigneurie de Saint-Jean-de-Pourcharesse échoit au Corps de l’Université des
prêtres de Viviers.
Comme documents ultérieurs, nous disposons des procès-verbaux
de plusieurs visites canoniques s’échelonnant du début du xvie au
xviiie siècle. Le père
J. Jouffre a soigneusement dépouillé l’ensemble de ces textes et en a publié une
synthèse3. Les procès-verbaux de
visites insistent régulièrement sur le mauvais état de l’édifice,
même sur les risques de son effondrement, et sur la pauvreté du mobilier liturgique,
mais ne nous apprennent rien sur son architecture. Les problèmes d’humidité liés
au fait que l’église est partiellement enterrée sont récurrents…
Nous noterons que Saint-Jean-de-Pourcharesse n’a visiblement pas souffert des guerres de Religion ; en 1675, il est dit que « la paroisse est toute catholique […] et le nombre de communiants est de 500. »
Venons-en à l’époque contemporaine, où notre église est heureusement toujours debout. Le père Jouffre écrivait dans son article de 1985 : « L’église de Saint-Jean-de-Pourcharesse se mourait de vétusté et menaçait de s’effondrer. Voici qu’elle vient d’être sauvée à l’initiative de la Sauvegarde et à l’appel entendu comme un signal de détresse de M. Coustet, un enfant du pays. [...]. Les efforts de tous ont redonné vie à ce vénérable monument dont nous saluons aujourd’hui la résurrection. »
Mais si en 1985 on pouvait saluer sa « résurrection », la bataille pour sa conservation n’est jamais achevée.
Devant l'église (Cliché D. de Brion) |
L’édifice est bâti en schiste, qui n’est pas un matériau de construction de grande qualité, mais qui était disponible sur place. Nous avons vu que, contrairement à beaucoup d’autres églises de la région, Saint-Jean-de-Pourcharesse n’avait jamais appartenu à un ordre monastique. Ceci peut expliquer que ses bâtisseurs ne disposaient pas de moyens importants et ont sans doute utilisé une main d’œuvre locale.
Nous remarquons :
La nef est voûtée d’un berceau brisé ; ses deux travées sont séparées par un arc doubleau à double ressaut retombant sur des colonnes engagées et des pilastres ; un arc diaphragme la sépare d’une travée de chœur plus basse, également voûtée en berceau brisé ; l’abside est voûtée en cul-de-four. Nous avons là toutes les caractéristique d’une construction que l’on semble pouvoir dater de la fin du xiie siècle ou à la rigueur du xiiie, la voûte en berceau brisé faisant penser à un style roman un peu tardif.
Comme très souvent, des chapelles latérales voûtées d’ogives ont été rajoutées de part et d’autre de la nef. Deux culots sculptés retiennent l’attention, représentant l’un un ange musicien, l’autre saint Jean-Baptiste, le patron de l’église, présentant l’Agneau divin.
Près de l’entrée, une très belle cuve baptismale porte la date de 1450. Elle est inscrite au titre des objets protégés. L’édifice lui-même est inscrit sur la liste supplémentaire des monuments historiques depuis 1971, en tant que construction des xiie, xiiie, xvie et xviie siècles.
Mme Basilevitch nous rappelle brièvement que l’association qu’elle préside, créée à la fin de 1996, a pour objet social la restauration de l’église et qu’elle compte à ce jour 130 adhérents.
Cul-de-lampe : ange musicien |
Saint Jean présentant l'Agneau divin |
Le résultat des différentes actions menées depuis l’origine (exposition annuelle de peinture et concerts) a permis la réalisation de plusieurs opérations dont les plus importantes sont la restauration de la tribune, la création de vitraux et tout dernièrement la restauration du retable baroque.
La présidente ne manque pas de rappeler que parmi les différents soutiens qui ont permis ces réalisations, la Sauvegarde figure en bonne place…
Le prochain chantier, et non des moindres, que l’association espère impulser est celui de la conservation et de la restauration des peintures murales. Il s’agit d’un ensemble important dont l’étude, commandée et financée par l’association, a été réalisée par MM. Gilbert Delcroix et Vincent Ollier de l’Atelier Techne.Art. En voici une présentation sommaire tirée de cette étude.
« La peinture, dans l'église de Saint-Jean-de-Pourcharesse, couvre les murs,
les voûtes, les piliers, les nervures, les arcs, les ébrasements des baies et des
portes. Ces peintures se divisent en trois thèmes : un décor purement géométrique,
un décor floral stylisé, un décor figuré peu présent.
Les motifs figurés sont représentés par deux anges et deux vases,
situés dans le chœur. Aucun autre motif figuré n’est attesté dans
une autre partie de l’église.
Les anges, cachés par le retable, sont présentés en reproductions dans l'église.
Les motifs ornementaux purement géométriques sont
divers (décor en bandes verticales, horizontales, rinceaux proches d'un décor type
flots, décor de rinceaux simples, d'entrelacs, etc.). Quelques décors géométriques,
notamment décor de quatre triangles rectangles opposés par leur sommet, présentent
une grande similitude avec ceux de la chapelle de la Commanderie de Jalès, remontant probablement à la
fin du Moyen-Âge.
Les motifs végétaux, floraux stylisés : tout comme le décor "géométrique",
le décor végétal s'épanouit sur toutes les parties de l'édifice, dont
il articule les lignes architecturales.
On peut y trouver peut-être le pavot, une palmette, l'églantine, ou encore une tulipe... »
Téléphone : 06 17 09 05 75
Email : obasilevitch@orange.fr
Site internet : www.les-amis-de-leglise-de-saint-jean-de-pourcharesse.fr
Paul Bousquet
avec la contribution de Danielle Basilevitch pour ce qui
concerne l’association des Amis de l’église
Visite de la Sauvegarde octobre 2012