Le site de Rochecolombe |
La première mention connue du château de Rochecolombe date de 1169, lorsque Galburge et son fils Hugues d'Ucel rendirent hommage à Raymond V, comte de Toulouse, pour les castra d'Ucel, de Saint-Laurent et de Rochacolumba (Laffont). Dans la première moitié du xiiie siècle, ce sont les Vogüé qui apparaissent comme seigneurs de Rochecolombe ; ils y résident jusqu'au début du xviie siècle, au moment des troubles dus aux guerres de Religion. Le château, incendié, tombe alors en ruines. Sous la Révolution , il est vendu comme bien national. En 1839, le marquis Léonce de Vogüé rachète ce qu'il reste de sa demeure familiale, mais l'ensemble continue à se dégrader, à l'exception de la chapelle Saint-Barthélemy qui est entretenue car elle abrite la chapelle funéraire où de nombreuses générations de Vogüé reposent depuis des siècles.
Depuis quelques années des travaux de restauration auxquels la Sauvegarde a apporté son concours ont été engagés.
Le château et le bourg castral de Rochecolombe se sont établis sur un éperon de calcaire dans un méandre du ruisseau de Vendoule, au pied du plateau des Gras et à peu de distance de l'Ardèche. Le château lui-même est sur une petite éminence au sommet de l'éperon.
Le premier château, du xiie siècle, comportait un petit donjon carré qui a complètement disparu ; seule subsiste dans le sol la trace de ses fondations qui avaient été ancrées dans le rocher, taillé à cet usage. De cette époque, on peut encore voir le tracé de l'enceinte qui suivait le contour de la plateforme supportant l'ensemble castral, ainsi que le fossé, également taillé dans le rocher, qui protégeait le donjon.
Les toits du vieux village |
Dans un second temps, sans doute au xiiie siècle, quand les Vogüé viennent résider à Rochecolombe, le petit donjon carré d'origine est remplacé par une construction plus importante, de plan rectangulaire, avec un logis seigneurial. Ce grand bâtiment rectangulaire vient s'appuyer sur les murs de courtine sud et ouest, en position dominante sur le fossé. Ce sont ses vestiges qui dominent encore le site.
Ultérieurement, sans doute pendant la guerre de Cent ans, l'entrée du château est fortifiée par l'adjonction d'une deuxième enceinte, de taille réduite, cantonnée de deux tours circulaires dont subsistent les vestiges.
Au nord et à l'ouest de la plateforme supportant le château s'est développé un petit bourg castral. Dans sa portion sud, il était protégé par une enceinte, mais dans sa partie nord, il semble que ce soient les façades jointives des maisons qui en assuraient la protection. C'est par une porte fortifiée datant de la fin du Moyen-Âge que l'on pénètre encore dans le village castral. Développé à partir des xiie et xiiie siècles, celui-ci a été entièrement habité jusque vers 1850. Mais à partir de ce moment, peu à peu des habitants quittent ces lieux jugés trop en pente et de surcroît exposés au nord pour s'installer dans la plaine où une nouvelle église, plus spacieuse que la chapelle Saint-Barthélemy a été construite dès 1847. Des commerçants et des artisans suivent, puis c'est le tour de la mairie et de l'école. Le dernier habitant décèdera en 1962.
Mais le vieux Rochecolombe, après avoir été complètement abandonné pendant un certain nombre d'années, a commencé à renaître grâce à quelques passionnés de vieilles pierres qui, malgré les difficultés, relèvent les murs, rebâtissent des maisons dans le strict respect du site.
Au pied de l'éminence rocheuse portant le château, à proximité d'une des tours, se dresse la chapelle Saint-Barthélemy, ancienne église du village castral dont la partie la plus ancienne doit dater du xiiie siècle et qui, nous l'avons vu, abrite la sépulture de nombreuses générations de membres de la famille de Vogüé.
L'église de l’ancien village castral de Rochecolombe doit dater du xiiie siècle pour sa partie la plus ancienne, mais les agrandissements qu’elle a connus au xvie, puis au xixe siècle, ne facilitent pas la lecture de son plan actuel.
L'église primitive, orientée, était formée d’une petite nef en partie taillée dans le roc et d’une abside à fond plat, car construite au bord de la falaise. La partie occidentale, c’est-à-dire l’ancienne nef, forme le chœur du sanctuaire actuel ; elle est couverte d’une voûte d’arêtes de facture très rustique et a conservé une belle fenêtre romane malheureusement obturée par la construction d’une sacristie au xixe siècle. L’ancienne abside, à l’est, a été décorée d’une très belle croisée d’ogives, car elle est devenue la chapelle funéraire de la famille de Vogüé dont le caveau est creusé dans le roc. On lit sur la dalle : « Ici reposent Jean de Vogüé mort en 1552 et son fils Guillaume en 1602, précédés de douze générations de chevaliers », ce qui ferait remonter au début du xiiie siècle l'origine de la famille. Guillaume joua un rôle très important en Vivarais au cours de la seconde moitié du xvie siècle et son petit-fils Balthazar fut même Chevalier de l'Ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem.Chapelle Saint-Barthélemy |
Chœur de la chapelle actuelle, ancienne nef de celle du xiiie siècle |
Chapelle funéraire des Vogüé, ancien chœur de la chapelle du xiiie siècle |
Le 4 août 2006 a eu lieu l'inauguration de la restauraton du site médiéval de Rochecolombe, travaux auxquels la Sauvegarde a apporté son concours. En voici quelques images.
M. G. Delubac, président de la Société de Sauvegarde des Monuments anciens de l'Ardèche (à droite), en conversation avec M. Gimond. |
On reconnaît ici Mme Labrot, maire de Rochecolombe, M. Pouzache (1er à partir de la gauche), M. Gaillard, conseiller général (2e à partir de la gauche) |
Photographies de Michel Rouvière |