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Villeneuve-de-Berg

vue générale

Un peu d'histoire

blason

À l'origine, Villeneuve-de-Berg fut une bastide royale, cité créée de toutes pièces à la suite du traité de paréage signé en 1284 entre le roi de France Philippe III le Hardi, fils de saint Louis, et l'abbé de Mazan.
L'abbaye de Mazan possédait en effet un domaine agricole, une « grange » à Saint-Andéol-de-Berg, domaine qui s'agrandit au fil des ans à la suite de dons et d'acquisitions, de sorte qu'au début du xiiie siècle, les moines possédaient là un vaste territoire. Mais les conflits pour l'usage des sources et des pâturages étaient fréquents avec les habitants du voisinage qui vivaient surtout de l'élevage. En 1280, des paysans tuèrent même un moine et pillèrent la grange.
Cette situation conduisit l'abbé de Mazan à demander la protection du roi de France. Le pouvoir capétien voyant là l'occasion d'étendre son pouvoir vers le Languedoc oriental, l’abbé de Mazan et le sénéchal de Beaucaire, représentant du roi, signèrent devant notaire en novembre 1284 une charte de paréage, concrétisant la fondation en pays de Berg d’une Ville Neuve, en co-seigneurie.
Le premier soin des deux coseigneurs fut de bâtir un château-fort qui affirmerait la présence définitive du roi en Vivarais. C'était un quadrilatère formé par de solides remparts crénelés, flanqué de quatre tours. Une porte s'ouvrait dans le mur sud. À l'intérieur fut construite l'église Saint-Louis dont le clocher, en forme de haute tour crénelée, devint le donjon de la forteresse.
Dès la fondation de la bastide royale, il y fut créé une cour de bailliage. De ce fait, elle se développa rapidement, accueillant toute une population du monde judiciaire, greffiers, avocats, juges, notaires, mais aussi une bourgeoisie commerçante attirée par les franchises qui lui ont été accordées.
La ville s'étendit ainsi largement en dehors du fort et dut, à la fin du xive siècle, s'entourer d'une nouvelle ceinture de remparts pour se mettre à l'abri des incursions des routiers, consécutives à la guerre de Cent Ans. La partie occidentale de ces remparts est assez bien conservée avec la tour Neuve, la tour de Toutes Aures et la porte de l'Hôpital, la seule porte conservée. Au-dessus de celle-ci figure encore le blason de la ville, avec les trois fleurs de lys du roi de France et la crosse de l'abbé de Mazan.

Tour de l'Hôpital Porte de l'Hôpital Porte de l'Hôpital - Blason

 

 

Tour et porte de l'Hôpital,
avec le blason de la ville

Olivier de Serres

Olivier de Serres

Au xvie siècle, Villeneuve-de-Berg devint à majorité calviniste ; l'administration municipale elle-même est entre les mains des protestants. Mais, jusqu'au début des années 1560, les deux communautés, catholique et protestante, cohabitent pacifiquement. Parmi les protestants, deux fils du riche commerçant Jacques de Serres se distinguèrent particulièrement, Jean de Serres, élève de Calvin à Genève, pasteur, qui fut nommé par Henri IV historiographe de France et surtout le célèbre agronome Olivier de Serres qui publia le résultat des recherches qu'il effectua dans son domaine du Pradel dans son célèbre traité « Le Théâtre d’Agriculture et Mesnage des Champs ».
Mais en 1562 des conflits éclatèrent en Vivarais entre catholiques et protestants qui marquèrent le début d'une longue période de troubles qui, pour Villeneuve-de-Berg se conclurent par la prise de la ville, en 1621, par les troupes catholiques de Guillaume de Montréal.
Le 4 juin 1629, le roi Louis XIII, accompagné du cardinal de Richelieu, après la prise de Privas, passa la nuit à Villeneuve-de-Berg dans l'hôtel du baron de la Roche des Astars.
En juin 1629 le roi Louis XIII signait la paix d'Alès qui laissait aux protestants la liberté de leur culte et l'égalité civile, mais celle-ci ne fut guère appliquée à Villeneuve-de-Berg sous le pretexte que la ville s'était révoltée en 1621 et avait dû être reprise par l'armée catholique. Les protestants durent donc pendant longtemps pratiquer leur culte clandestinement.
Après la révocation de l'édit de Nantes par Louis XIV (1685), de nombreux protestants abjurèrent leur foi, tout au moins officiellement, afin de ne pas être inquiétés. C'étaient les « nouveaux convertis », la plupart continuant à lire la Bible et à dire leurs prières en famille.

Parmi les plus illustres enfants de Villeneuve-de-Berg figure Antoine Court (1695-1760). Né dans une famille de « nouveaux convertis », il ressentit très jeune le besoin de se consacrer à la rénovation de l'église protestante, décimée par les persécutions consécutives à la révocation de l'édit de Nantes. Après une quinzaine d'années de prédications clandestines dans le « Désert » en Cévennes, il partit à Lausanne en 1729 organiser un séminaire calviniste en vue de la formation de pasteurs chargés de continuer l'œuvre de restauration qu'il avait entreprise. Dès 1744, on comptait plus de cent églises réformées en Languedoc.
Redevenue, officiellement du moins, une ville catholique, Villeneuve-de-Berg connut à la fin du xviie et surtout au cours du xviiie siècle, une période calme et prospère. La création d'une sénéchaussée en 1781, ainsi que d'une maîtrise des Eaux et Forêts, renforça encore l'importance de la ville qui se trouva être la capitale administrative et judiciaire du Bas-Vivarais. C'est à Villeneuve-de-Berg que sont choisis en 1789 les députés du Bas-Vivarais aux États généraux.
Mais lorsque sont créés les départements, Villeneuve-de-Berg est dépouillée de son rôle administratif hérité de l'Ancien Régime au profit de Privas et de Largentière ; juristes et fonctionnaires émigrent, et avec eux, disparaît tout le prestige dû à la royauté.

Visite de la ville

L'église Saint-Louis

Édifice du tout début du xive siècle, on y reconnaît, en dépit de profonds remaniements ultérieurs, la robustesse et l'austérité de l'architecture cistercienne. La nef, peu élevée, est voûtée en berceau, avec arcs doubleaux très simples, tandis que des voûtes d'arête couvrent des bas-côtés ajoutés par la suite. Le chœur, terminé par un chevet plat, tranche sur cette sobre architecture parce qu'il a été refait au xviiie siècle et couvert d'une voûte sexpartite sur croisée d'ogives.

l'église

L'église Saint-Louis

La flèche qui prolonge le clocher, ancien donjon du fort, date du xviiie siècle. La façade a été refaite au xixe siècle.
L'église abrite de nombreuses œuvres d'art (mobilier liturgique, tableaux, statues) classées ou inscrites au titre des monuments historiques.
Parmi le mobilier liturgique, figurent en particulier les stalles du chœur, du xviisiècle, en bois sculpté, ainsi que la chaire à prêcher, dont la cuve est supportée par un aigle aux ailes déployées. La table de communion et l'appui de la tribune sont de magnifiques ouvrages de ferronnerie du début du xviiie siècle.
Adossé au chevet, un grand retable en bois sculpté, peint et doré, du milieu du xviiie siècle, encadre une peinture des Parrocel père et fils (1745), évoquant la mort de saint Louis. L'autel du bas-côté droit est également surmonté d'un retable du xviiie siècle, bel ensemble de style baroque, avec deux colonnes torses finement ouvragées avec des lacis de sarments. De part et d'autre, en bas-reliefs, saint Bonaventure et saint Frauçois d'Assise, encadrant le tableau d'une Pietà. Il faudrait encore citer de nombreuses peintures et statues, par exemple dans la tribune, une Vierge à l'Enfant sur un croissant de lune, œuvre de R. Mallet (xixe siècle).

retable statue de la Vierge
angelots

Le retable du chevet avec la peinture des Parrocel évoquant la mort de saint Louis

les stalles support de la chairte

Les stalles du xviie siècle et l'aigle qui supporte la chaire

À travers la ville

Olivier de Serres

Olivier de Serres

Nous commençons par l'Esplanade, aujourd'hui place Olivier de Serres, que domine la belle statue en bronze du célèbre agronome, due au sculpteur Pierre Hébert (1804-1869). De là, on découvre un panorama très vaste ; une table d'orientation permet le repérage des lointains, qui s'étendent du Mont-Lozère au plateau du Coiron, sur lequel se détache, au premier plan, la tour de Mirabel.
L'angle de l'Esplanade marque le point de départ du rempart édifié vers la fin du xive siècle, dont le tracé est en grande partie encore reconnaissable et dont subsistent cinq tours. Le long de son front nord-ouest, correspondant à l'actuelle rue du Barry, ce sont, à partir de l'Esplanade, la tour Neuve, la tour de l'Hôpital, dont les trois étages surmontent la porte du même nom, et la tour de Toutes Aures. Subsistent également la tour des Astars et la tour de Barjac.
Cette enceinte, qui formait un quadrilatère d'environ 175 sur 130 mètres, était percée de quatre portes dont une seule subsiste, la porte de l'Hôpital sur le côté nord-ouest, surmontée, nous l'avons vu, d'une imposante tour carrée de trois étages. Elle est ornée d'un blason sculpté portant les fleurs de lys et la crosse, armoiries de Villeneuve (le roi et l'abbé). On reconnaît nettement le passage de la herse, les gonds, les meurtrières, ainsi que les corbeaux de pierre ayant soutenu les mâchicoulis.
Ville prospère, habitée par des personnages de haut rang, Villeneuve-de-Berg possédait de nombreux hôtels particuliers, dont un certain nombre ont été conservés, même s'ils ont quelquefois connu des transformations plus ou moins heureuses.
À l'extrémité du Barry, c'est l'hôtel du baron de la Roche des Astars, dans l'angle duquel est incluse la tour de Toutes Aures. C'est une vaste et belle demeure, réédifiée au xviie siècle sur les substructions des anciens remparts.
Passant par la place de l'Obélisque, sur laquelle ce monument fut érigé en 1804 à la mémoire d'Olivier de Serres, nous atteignons la Grand'Rue, jadis la plus importante de la ville, bordée de riches demeures. C'est d'abord la maison natale d'Olivier de Serres, qui a malheureusement subi des transformations regrettables, à l'exception d'une très belle Vierge d'angle du xve ou xvie siècle (classée), qui a traversé sans dommages les troubles des guerres civiles et ceux de la Révolution.

Tour de Barjac

Tour de Barjac

Tour Neuve

Tour Neuve

Tour Toutes Aures

Tour de Toutes Aures

Vierge

Vierge à l'angle de la maison natale d'Olivier de Serres

L'actuelle mairie occupe l'ancienne Maison du Roi qui était le siège du baillage, puis de la sénéchaussée. Bien restaurée au xviie siècle, elle n'a subi depuis aucune modification importante. Le sous-sol qui abritait les prisons est resté en l'état depuis le xive siècle.
Sur la Grand'Rue s'ouvre l'Hôtel de Malmazet de Saint-Andéol, puis le vaste Hôtel de Laboissière, où de beaux vestiges sont conservés : boiseries, cheminées, plafonds voûtés et peints au premier étage, plafonds à la française au second. Joseph-Louis de Laboissière (1749-l834), avocat général au Parlement du Dauphiné, participa à la célèbre assemblée de Vizille en 1788, accompagna Arthur Young au Pradel en 1789, mais est surtout connu par la publication en 1811 des Commentaires du Soldat du Vivarais, d'après le manuscrit de Pierre de Marcha.
Un peu plus bas, l'Hôtel de Barruel des Astars, opulente demeure édifiée au xviie siècle sur les substructions d'une construction gothique datant des débuts de la ville.
Notons encore, dans la rue Saint-Jean, l'Hôtel Nicolay-Barjac, profonde et austère demeure, avec galeries et courettes intérieures, dans laquelle se tinrent en 1510 les États généraux du Languedoc, sous la présidence du sénéchal de Beaucaire.
Rue Antoine Court, la maison Montgrand date de la Renaissance.
Et nous terminerons la visite de la ville, rue Nationale, par la Maison du sénéchal, très profonde avec ses trois courettes intérieures, mais qui n'offre sur la rue qu'une façade étroite, d'une extrême délicatesse. Les pilastres d'encadrement sont ouvragés et surmontés de chapiteaux ; un balcon avec son élégante balustrade en ferronnerie avance sur la rue.

Sources

 

Hôtel du baron de la Roche des Astars Hôtel du baron de la Roche des Astars

 

Hôtel du baron de la Roche des Astars et tour de Toutes Aures


 

Hôtel du sénéchal Maison Montgrand Hôtyel Nicolay

De gauche à droite :

- Hôtel du sénéchal
- Maison Montgrand
- Hôtel Nicolay-Barjac


 

Hôtel de Barruel des Astars

Hôtel de Barruel des Astars

Hôtel de Malmazet de Saint-Andéol

Hôtel de Malmazet de Saint-Andéol